La sortie d’un film mettant en vedette Fred Astaire était rarement sans intérêt ne serait-ce que pour ses numéros de danse immanquablement réussis. Le tandem qu’il forme avec Cyd Charisse dans La belle de Moscou vient le confirmer. Mais il y avait davantage dans cette production. Alors que les mises en situation dans les comédies musicales servaient souvent à mettre la table aux numéros chantés et dansés, il y avait dans celle-ci une critique acérée de la dictature du prolétariat à la sauce soviet alors que nous nagions en pleine guerre froide : Endoctrinement, privation de liberté, censure, corruption, hypocrisie, tout y est évoqué dans un ton caricatural. Fallait être un brin provocateur pour ridiculiser un peuple de cette manière au grand écran. Mais des décennies plus tard, disons que l’éditorial a perdu de son percutant au profit de l’humour. Et à ce chapitre, le trio d’agents russes préférant se vautrer dans le luxe de la vie parisienne plutôt que de remplir leur devoir de camarade offre une performance mémorable. Leur présence n’est pas sans rappeler celle des Three Stooges. Mais le clou du spectacle demeure tout de même les chorégraphies de Hermes Pan et Eugene Loring sous la musique de Cole Porter. Même si certains numéros sont davantage découpés, chacun nous réserve de belles trouvailles. Fred Astaire qui se trouve en quelque sorte à accrocher ses souliers avec Silk Stockings, nous laisse sur une bonne note et du même coup un héritage unique au même titre que celui de Charlie Chaplin. Le plaisir de le voir danser est inaltérable.