C'était sympa, mais je dois bien avouer que je suis un chouïa déçu par ce Red Dust, que j'aurais espéré un peu plus puissant et plus fou, notamment dans son dénouement - ici bien trop sage à mon goût (même si, à bien y réfléchir, il ne manque pas d'une certaine ironie derrière son apparente morale saine et sauve).
Autrement, c'est un film qui ne manque pas de charme et de qualités, à commencer par son cadre - l'Indochine française, sa jungle, ses tempêtes, son caoutchouc - et sa distribution : Clark Gable (que je n'avais encore jamais vu sans moustache) en aventurier alpha, Jean Harlow en belle-de-nuit à la grande gueule (mais aussi au grand cœur... !) et Mary Astor en jeune mariée bourgeoise et timorée. Et évidemment sa liberté, pré-code Hays donc, qui nous autorise le doux spectacle quasi permanent des deux pépées susnommées en déshabillé.
Autre point qui m'a surpris - dans le bon sens du terme : le fait que le héros (Clark Gable, donc) soit finalement assigné au rôle du connard de l'histoire. Là où dans bon nombre de films mettant en scène pareil triangle amoureux, le mari de la bourgeoise convoitée par le héros aurait été un gros connard (ou un type hautement antipathique du moins), il apparaît ici comme un homme simple et honnête, sincèrement dévoué à sa tâche et au héros et tout aussi sincèrement amoureux de sa femme. Bref, un chic type, dont le seul tort n'est finalement que de paraître complètement insipide face à Clark Gable (ce qu'il est du reste difficile de lui reprocher).
C'est en tout cas cette scène surprenante de dialogue entre les deux hommes (par ailleurs perchés de nuit dans un arbre à attendre fusil à la main l'arrivée d'un tigre) où l'on réalise finalement la simplicité et la sincérité du mari (qui n'aura finalement jamais rien du rival légitimement éjectable) que le film prend un tournant intéressant. Hélas amoindri par un dénouement trop heureux à mon goût, donc.
Et j'émets une grosse réserve aussi concernant le personnage du domestique chinois (et attardé ?), préposé aux interventions comiques (pas drôles), que j'ai trouvé assez pénible. Je m'en serais volontiers passé.
Mais bon. Sinon, c'est sympa.
Et j'ai maintenant bien envie de me dégoter son remake signé John Ford : Mogambo.