“Lorsqu’une femme dérobe le cœur d’une bête sauvage“
La Belle et la Bête, cette histoire fabuleuse d’une jeune fille prisonnière d’une bête dont le cœur souffre de solitude. Toute petite fille a rêvé d’un prince mais combien d’entre-elles ont espéré qu’une bête, aussi sauvage soit-elle, se transforme en un bel homme ? Au cours du XXème siècle, Jean Cocteau a adapté le conte en film pour la première fois. Walt Disney est loin d’être le premier à faire rêver les petites filles devant la rose rouge et l’histoire d’amour inexplicable de la Bête et la Belle. En effet, peu de temps après la fin de la Seconde guerre mondiale, Jean Marais (qui intérprète Avenant, la Bête et le Prince) a proposé à Jean Cocteau d’élaborer un film qui se basera sur un conte français du XVIIIème siècle, La Belle et la Bête. Le réalisateur averti a accepté avec plaisir le projet qui était pour lui un rêve d’enfant et une opportunité de faire découvrir au public, une nouvelle possibilité cinématographique. Dans son long-métrage, Jean Cocteau fait apparaître la famille de Belle, composée de quatre enfants orphelins de mère. Belle a deux sœurs avides de richesse qui la traîtent comme une esclave et un frère bien-vaillant qui la met en garde contre Avenant qui désir incontestablement l’épouser. Quant à son père, c’est un marchand respectable. Ces braves gens rencontrent quelques difficultés financières, alors le père part régler ses problèmes en ville. Sur le chemin du retour, il s’est arrêté car la nuit était sombre en l’absence du clair de lune. Par chance, un grand portail d’une demeure s’est ouvert, il s’est alors abrité. Le lendemain, avant de partir, il a cueilli une rose pour Belle qui l’a prié de lui en rapporter une. Cette fleur séparée de sa racine a réveillé la colère de la bête qui logeait le château que le marchand croyait inhabité. Faisant preuve de bonté, il a donné deux options au vieil homme ; payer de sa vie son acte ou de lui livrer une de ses filles. A son retour, il raconte sa mésaventure à ses enfants et durant la nuit Belle est partie dans le plus grand des secrets se rendre à la Bête. Admirant sa beauté et son bon fond, la Bête ne peut prendre la vie de Belle pour le pauvre acte de son père. Quant à elle, elle lui a pris son cœur indépendamment de sa volonté. Ils finiront par voler dans les airs, comme-ci toutes forces de la nature étaient impuissantes face à la grandeur de leur amour.
La Belle et la Bête est un grand classique, une histoire que nous avons tous lu une fois dans notre vie et pourtant, à chaque fois, j’ai l’impression de la redécouvrir. Chaque film, chaque roman, chaque pièce de théâtre racontent l’histoire d’une manière différente en modifiant quelques petits détails qui paraissent anodins mais qui ont un impact sur le lecteur/spectateur. Ce film est en noir et blanc, mais cela ne nous empêche pas de nous apercevoir de la beauté des bijoux de Belle, la grandeur des décors ou encore la monstrueuse tête de la Bête. Je dirai même que l’absence de couleur augmente la valeur temporelle du film. Forcément, il m’est difficile de ne pas me référer au film de Walt Disney, mais cela n’a qu’augmenté le plaisir que j’ai eu à noter chaque différence, si infime soit-elle, du scénario : le rôle presque primaire de la rose, la famille de Belle et la chute. Les deux films racontent la même histoire et pourtant on se sent dans deux univers complètement différents. Ce que je trouve fantastique, c’est que derrière chaque conte se cache une morale évidente à celui qui s’en soucie, celle de La Belle et La Bête est qu’il faut voir plus loin que l’aspect extérieur d’une personne avant de la juger. Je trouve que Josette Day qui interprète Belle est un personnage à prendre comme exemple. L’actrice joue à merveille son rôle et nous montre que malgré la laideur de la Bête et sa peur, elle ne s’arrête pas sur son jugement premier et voit apparaître au fond des yeux du monstre, un homme qui souffre. Si certains comme moi n’ont pas encore perdu leurs âmes d’enfants malgré qu’ils soient devenus grands, je leur conseille fortement ce film, qui n’est ni enfantin, ni adulte.
Dans la vie, il faut réaliser que ce n’est pas parce que quelqu’un est un monstre, que nous n’en sommes pas également un. La Bête voulait prendre la vie de Belle, elle qui le considérait comme un monstre, mais elle fit bien pire. S’emparer du cœur de quelqu’un qui pense ne jamais pouvoir prendre le votre c’est l’enfermer dans une prison dorée. Après mûre réflexion, qui se ressemble s’assemble ou les opposés s’attirent ?