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La belle et la bête a eu droit à ses trouze mille versions, dont la plus connue est sans nul doute le chef d'oeuvre de Jean Cocteau. On a eu aussi le dessin animé de Disney, le film signé Christophe Gans, et cette curiosité nous venant tout droit de Tchécoslovaquie et réalisé par Juraj Herz en 1978.


Inutile de revenir sur l'histoire, elle ne change pas, mais contrairement à des tas de films qui se remakent les uns les autres, Herz a choisi le parti pris d'en faire une version plus oppressante, plus noire du roman, en montrant le côté bestial de la bête prenant le dessus sur son côté rationnel à l'aide d'une conscience maléfique, et avec la superbe utilisation des décors gothiques. Le monstre est d'ailleurs réussi, avec une tête lui donnant l'impression d'être un aigle.
Ce film-là n'est pas à recommander aux âmes sensibles, car il y a des personnes griffées par la bête, et une scène assez marquante où une biche est carrément tuée sous nos yeux lors d'une partie de chasse du monstre. D'ailleurs, les premières secondes du film montrent la vie des paysans, et là aussi, entre un cochon éviscéré et une poule décapitée, ça n'est pas la fête aux amis des animaux.
Les conditions de tournage en Tchécoslovaquie étant dictées par le régime communiste, Juraj Herz a du sans flirter avec la censure, mais il y a quand même des choses subversives, comme le rapport de la Belle, nommée ici Julie, où on sent son désir face une personne, la Bête, qu'elle ne peut voir, l'amour presque incestueux entre un père et une fille, et surtout la fin qui laisserait penser que tout ce qu'on a vu ne serait que le fantasme de cette jeune femme pour se libérer du joug familial.


Visuellement, c'est donc très beau, mais je ne peux m'empêcher de penser que le film est pénalisé par de terribles lourdeurs de rythme, avec des scènes au ralenti durant cinq minutes. Et il faut aimer les images sombres, sans doutes dues au Blu-ray peu restauré, ainsi que la présence de l'orgue en tant qu'instrument de musique.
Disons qu'à ce niveau, le film se voit grâce aux différences disséminées ça et là, évitant le piège de la redite, mais c'est peut-être moins accessible que les autres versions, malgré que ça reste beau.

Boubakar
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le 12 juil. 2019

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