Le dessin animé de Disney est, comme pour beaucoup de gens j'imagine, l'un de mes favoris. D'une mélancolie et d'une poésie inégalées, ce chef d’œuvre délivré l'année de ma naissance traitait subtilement de thèmes chers à son compositeur Howard Ashman (homosexuel et atteint par le sida) : tourmente, rejet, discrimination, malédiction/maladie...
Ces messages sont bien présents dans cette nouvelle adaptation mais sont traités de manière superficielle, perdus dans un tourbillon d'effets visuels qui vont du très bon (souvent) au médiocre (parfois). Il faut bien avouer que la Bête, animée entièrement en effets spéciaux, a beaucoup moins de présence que celle du dessin animé ou que l'impérial Jean Marais dans la version de Jean Cocteau (1946).
Les chansons ont toujours autant de panache fort heureusement malgré quelques ajouts malvenus (la fin de la chanson de Gaston, embarrassante), tellement d'ailleurs qu'elles font de l'ombre aux nouvelles, en retrait voire inutiles. Dans le même registre, les petits changements et les quelques nouveautés ne font pas toujours mouche, notamment les révélations sur le passé de Belle. Ce qui fait plaisir à voir en revanche, c'est que le film n'essaie jamais de supplanter son modèle en jouant la surenchère d'action.
Emma Watson confirme sur l'ensemble du métrage ce que je pensais d'elle dès les premières scènes diffusées sur le net : elle fait le boulot de manière honorable, mais il n'aurait pas été difficile de trouver quelqu'un de plus adéquat dans ce rôle. Dan Stevens assure pour le côté humain de la Bête mais son design franchement raté et ses traits beaucoup trop humains ne rendent pas justice à son côté féroce régulièrement visible dans le dessin animé ou le conte originel. Heureusement, deux excellentes surprises nous font oublier ce duo principal assez fade. Premièrement, chapeau à l'intégralité des serviteurs du château, parfaitement doublés, animés et terriblement attachants (leur scène finale est à ce titre très émouvante). Mais la meilleure prestation du film est à chercher du côté du bad guy : Luke Evans, dont le talent n'est plus à prouver, campe un Gaston si irrévérencieux, si imbu de lui-même, si charmeur, qu'il vole littéralement la vedette au reste du casting.
En définitive, cette vague de remakes/reboots/relectures Disney nous offre un nouveau divertissement efficace et tout à fait honorable qui n'atteint toutefois pas les sommets de son illustre prédécesseur, contrairement aux excellents Le Livre de la Jungle et Cendrillon.