Rien ne pourra jamais prendre sa place dans nos coeurs
Le film est avant tout une histoire d'amour, entre un vagabond et un membre de l'élite sociale.
Mais à l'opposé de nombreux films d'amour, la romance dans "La Belle et le Clochard" prend du temps à se développer et culmine par la célèbre scène du baiser avec les spaghettis. Les éléments, si on les énumère, sont loin de définir le romantisme ou le fait de tomber amoureux: deux chiens venus chercher des os mangent à la place une assiette de spaghettis préparée comme pour des humains et présentée sur une table avec sa nappe et une bougie dans la ruelle à l'arrière d'un restaurant italien au son de l'accordéon et de la mandoline d'un chef et de son patron, tous deux romantiques.
Toutefois, dans la relation inter-classe entre Clochard et Lady, Disney ne prend pas partie, et offre un message d'acceptation fort des symboles de civilisation. Aucun des deux héros n'abandonne totalement sa classe sociale pour celle de l'autre, mais les deux effectuent la moitié du chemin, Lady apprenant la vie de vagabond tandis que Clochard apprend les valeurs de la famille.
Parmi les personnages, une grande partie est constituée de chiens, de différences races: Lady est une chienne cocker spaniel anglais, Jock un terrier écossais, César un chien de chasse Saint-Hubert et Clochard un croisé sans plus de précision. À la fourrière, Lady rencontre de nombreux chiens dont un quatuor chantant ironiquement "Home! Sweet Home!": le corniaud américain Toughty, le lévrier russe Boris, le chihuahua mexicain Pedro et le bouledogue américain Bull, mais aussi Peg, une chienne vedette de la fourrière et Dachsie, le teckel allemand.
Le couple Chéri est issu de la classe moyenne avec Darling moins élevée que son mari Jim. Les habits de Darling toujours impeccables et son visage en font l'archétype de la jeune femme parfaite maîtresse de maison des années 1950 bien que le film se déroule dans les années 1910. Le costume trois-pièces et les horaires de Jim font penser à un métier lié à la finance, mais ses traits très stricts et sobres sont compensés par des scènes de joie et de détente chez lui en particulier provoquées par la chienne Lady..
Le film est rempli de stéréotypes que ce soit pour les noms, les situations ou l'image de la femme; toutefois Lady parvient, après une série d'aventures, à revenir chez ses maîtres en ayant domestiqué son compagnon, ancien chien errant, et à avoir avec lui quatre rejetons.
Le film est aussi un hommage au début du XXe siècle, avec la coexistence des lampes à gaz, du téléphone, des charrettes à chevaux et des premières automobiles. On peut résumer le film à la nostalgie, comme une vieille carte postale avec des couleurs vives et ensoleillées et des contours doux. Cette nostalgie empreinte de patriotisme est associée à la culture américaine.
J'ai aussi beaucoup aimé l'entrée en matière des chats siamois, mémorable selon moi!