Pop à l'hongroise.

Des jeunes gens se réunissent pour chanter après leurs journées à l'usine. L'un d'entre eux, surnommé Cornichon, arrive à draguer une fille nommée Juli. Mais peu de temps après, celle-ci va tomber amoureuse du chanteur d'un groupe itinérant qu'elle va suivre. Mais Cornichon, accompagné de ses amis, veut la récupérer.

La belle et le vagabond est le troisième film de la réalisatrice Márta Mészáros, qui aura eu une carrière longue de plus de 60 ans. Sous couvert d'une critique du communisme hongrois, à l'aide des chansons, il vaut mieux prévenir que c'est avant tout une œuvre musicale, à 80 % du temps je dirais. D'ailleurs, musicalement, on dirait de la pop version Beatles, mais chanté en hongrois, ce qui peut déstabiliser, ainsi que le manque de scènes dialoguées. Mais tout passe par l'image, et il faut dire que ce noir et blanc est superbe.
D'ailleurs, je dirais même que le film est compréhensible sans sous-titres, car cela passe par le regard désabusé de cette jeune fille jouée par Jaroslava Schallerová , qui n'avait que 13 ans au moment du tournage, et qu'on voit à un moment seins nus, ce qui serait inenvisageable aujourd'hui.
Par la première liaison qu'elle a avec le dénommé Cornichon, qui pense plus coucher avec elle, on comprend qu'elle a envie de vivre autre chose que sa morne existence et que s'il faut faire l'amour pour ça, même si on n'en a pas envie, on le fait, mais ça ne sera pas consommé. C'est cruel sur la jeunesse hongroise, et c'est aussi le cas quand elle se lie avec le chanteur, où là elle se donne à lui, comme un remerciement de l'avoir arraché de là où elle habitait.

J'avoue ne pas connaitre le cinéma hongrois, ni la situation politique du pays, mais dans l'esprit, La belle et le vagabond me fait penser aux premières oeuvres de Milos Forman, à savoir que ces jeunes ne veulent pas vivre comme leurs ainés mais profiter d'une liberté si durement acquise. Ce qui fait que, malgré sa musique, le plaisir a été plus fort.