Une orpheline, qui a grandi à la campagne, est vendue à une maison close après la mort de la vieille femme qui l'a élevée. Au milieu des années 70, Masumura n'est plus que l'ombre du grand cinéaste qu'il a été plus tôt. La berceuse de la grande terre, avec son récit aussi farouche et rebelle que la jeune fille qui en est l'héroïne, parvient cependant à retenir l'attention par son entêtement à l'intranquillité et son caractère hautement dramatique heureusement rehaussé par une énergie permanente. Ce portrait d'une enfant déchue, soumise aux vices et aux turpitudes de ses semblables, recèle un caractère très japonais, notamment dans l'évocation du monde de la prostitution déjà très présent chez Mizoguchi. Mais Masumura fait partie d'une nouvelle vague de cinéastes qui a rompu avec un certain classicisme depuis longtemps. A l'instar d'un Imamura, d'un Oshima ou d'un Yoshida, trois réalisateurs auxquels on pense durant le film.