Quel mélodrame ! Mais tellement bien dosé et maîtrisé par Naruse, qu'il en devient d'une grandeur incontestable. Tout se passe dans une maison de rééducation pour prostituées. Le génie du réalisateur, comme souvent, est de dégager un thème principal et de lui adjoindre de nombreuses sous-intrigues qui, loin de noyer le sujet, l'enrichissent. Dans La bête blanche, chaque femme a une personnalité très marquée ou une histoire qui la hante : la rebelle indomptable, la syphilitique, celle dont le fiancé rentre de captivité, celle qui attend un enfant. A leurs côtés, deux personnages bienveillants : le directeur de l'institution et une doctoresse. C'est un film lourd de tension érotique (hétéro et homo) qui évolue vers le drame pur. Il faudrait plusieurs visions pour capter toute la richesse d'un tel film.