Noces de charbon
Un monstre d’acier avale les kilomètres de rail en même temps que son conducteur se dépouille petit à petit de son étincelle de vie. Le feu qui propulse le premier dévaste consciencieusement le...
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le 8 janv. 2015
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Pour certaines générations, il est toujours étonnant de découvrir le visage de Jean Gabin lorsqu'il était jeune. Sans manquer de s'écrier : "C'est vrai qu'il était beau ce con !" Et c'est vrai qu'il est beau sur sa locomotive, à pelleter du charbon comme un damné, à scruter la voie comme une vigie, le visage couvert de suie... Il est également beau en amoureux torturé par ses pulsions.
Lison, sa locomotive, est belle aussi. Filmée avec inspiration par un Jean Renoir qui nous ferait presque regretter nos confortables et actuels chemins ferrés, elle souffle, elle gronde, elle fonce, elle occupe l'écran, massive et puissante machine bestiale. Elle est à la fois décor et personnage du récit.
Finalement, la bête est multiple. Est-ce Jacques Lantier qui paie les errements de ses aïeuls ? Est-ce ce mari vengeur et cupide qui, éconduit par celle qui l'aime, en vient aux dernières extrémités ? Est-ce cette beauté vénéneuse qui pousse tous ceux qui lui donnent leur affection au pire ?
Ou bien est-ce finalement ce parrain abusif qui a brisé l'enfance de cette dernière ? Inlassable, la bête engendre la bête.
Créée
le 19 août 2015
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