Chez Zola, tout est écrit dans le sang. Dans la branche faible des Rougon-Macquart, Jacques Lantier est le rejeton d'une lignée alcoolique et mal bâtie, de laquelle il a héritée une forme de folie. Séverine Roubaud est quant à elle probablement la fille illégitime qu'un grand bourgeois a eue avec sa bonne, et elle a été abusée durant son enfance. La Bête Humaine raconte l'histoire complètement destructrice qui se lie entre ces deux dégénérés.

Jean Gabin est époustouflant en Jacques Lantier, impuissant, complètement dominé (par les femmes ou la folie) : presque un changement de registre pour celui qui caracolait dans le rôle de Gueule d'amour ou Pépé le Moko. Sa performance reste impeccable, alors que le jeu de beaucoup d'autres acteurs a pas mal vieilli depuis 1938 ... Simone Simon a les expressions un peu figées de l'époque, mais demeure implacable dans son rôle d'horrible manipulatrice. Jean Renoir lui-même est l'autre acteur bluffant du lot, brut et franc dans son rôle de Cabuche.

La réalisation est un modèle du genre, avec des plans remarquablement mobiles qui sont très neufs pour l'époque. Les plans fixes ne sont pas en reste, la séquence d'introduction étant à peu près devenue une scène d'anthologie. Jean Renoir a parfaitement réussi son adaptation, tout en renouvelant beaucoup le scénario pour l'adapter aux années 1930.

Pas besoin de discuter : un grand film.
Wakapou
9
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le 14 avr. 2013

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Wakapou

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