Voici le rendez-vous de tous les fans de rock'n'roll, conçu pour satisfaire les teen agers au moment de l'éclatement fulgurant de cette musique au milieu des années 50 qui permettait à la jeunesse de se libérer du joug familial ronronnant. Aujourd'hui, le film est cultissime.
Le scénario est sans grand intérêt, il est prétexte à faire défiler les principales vedettes de ce genre musical de façon plus ou moins habile, comme Eddie Cochran, Little Richard, Gene Vincent, Fats domino ou les Platters... qui chacun interprètent leur morceau et puis s'en vont. On y voit même Julie London chanter son célèbre "Cry me a river". Des mauvaises langues au début des années 80 (époque où j'avais découvert ce film à Paris dans un petit cinéma qui le jouait en boucle) ont même été jusqu'à dire que le film ne valait que pour ses mémorables apparitions de vedettes du rock. C'est méchant de dire ça, même s'il faut bien avouer que la trame n'est pas terrible et qu'on attend anxieux ses vedettes préférées.
Mais le film est intéressant aussi parce qu'il donne à Frank Tashlin, ancien gagman de cartoons, l'occasion de se livrer à une peinture parodique et très amusante du monde du show business, à l'aide de situations extravagantes et de gags ahurissants, comme quand Jayne Mansfield fait fondre la glace et éclater les bouchons des bouteilles de lait sur son passage ; on y reconnait là un symbole sexuel mais aussi un aspect très cartoonesque issu du monde qu'avait connu Tashlin.
Mais il y a autre chose : Tashlin s'est servi de l'image très pulpeuse de Jayne Mansfield qui se présentait alors comme la rivale de Marilyn Monroe, et le fait d'employer Tom Ewell qui venait justement d'être confronté à Marilyn, une autre sex bomb dans Sept ans de réflexion, est à ce titre très astucieux. Ce sera d'ailleurs ses 2 plus gros succès personnels car cet acteur mènera ensuite une carrière assez discrète ; quant à Jayne Mansfield, la Blonde et moi contribua à lancer son personnage de blonde gourdasse, emploi qu'elle tiendra dans plusieurs autres films qui exploiteront cette image mettant en valeur son opulente poitrine et ses formes callipyges. Une caricature souvent outrancière car elle n'était pas si bête qu'elle en avait l'air.
Toujours est-il que ce film, malgré son aspect imparfait, à mi-chemin entre le burlesque et le film musical, reste comme une anthologie du rock'n'roll ayant une sorte de caractère documentaire, et que rien que pour ses numéros musicaux mythiques, il mérite d'être vu. Avec la Blonde et moi, on fait carrément un bond en arrière qui vous ramène à l'époque des blousons en cuir, des bananes brillantinées et des grosses Stratocasters aux cordes qui pètent en jouant une musique qui va ensuite enflammer le monde.