En 22 minutes d'une grâce croissante, Rohmer, alors débutant, déploie les prémisses de son futur cinéma : amour de la rue parisienne, trajectoires physiques et stratégies amoureuses, sensualité des jeunes femmes, confusion des sentiments chez de jeunes adultes pris entre rituels sociaux et préjugés absurdes... Tout est là, sans aucun moralisme lourd (oui, je sais que ça s'appelle "Contes Moraux" !), mais avec un mélange de malice légère (le désir sexuel pour une appétissante boulangère assimilé à la gourmandise) et de fermeté éthique qui distinguera toujours Rohmer du reste de "la bande". Il y a surtout l'élégance folle d'un cinéma aussi vivant que (paradoxalement) ultra-littéraire. 22 minutes de pur bonheur, jusqu'à une conclusion terriblement cruelle. [Critique écrite en 2010]