Quand votre coeur fait boum.C'est la rentrée des classes pour Vic,une ado,collégienne de bonne famille et fille d'un dentiste et d'une dessinatrice de BD.Mais la dimension scolaire ne figure pas au rang des préoccupations de la jouvencelle.Titillée par ses hormones,elle ne pense qu'à frayer les garçons en ces lieux de perdition que sont les boums,les surboums,les surpattes,les surprise-parties,les soirées pelles-râteaux.Qu'est-ce qui nous était arrivé,à nous autres les français,en ce début des années 80?Notre cerveau avait-il chu au fond d'une faille spatio-temporelle?Comment avons-nous pu faire un triomphe à cette immonde bluette décérébrée?Avions-nous été collectivement hypnotisés par des fabricants de pop-corn et de crème anti-acnéique?Quoi qu'il en soit,il est clair que nous n'étions pas dans un état normal,la preuve Mitterrand a été élu président l'année suivant la sortie de cette farce boutonneuse.Ces questions valent aussi pour l'équipe en charge du projet,qui ne comptait que des professionnels aguerris et estimables.Claude Pinoteau n'était certes pas un génie mais c'était un réalisateur et scénariste solide.Et Danièle Thompson,qui cosigne le script avec lui et est auteur des dialogues,avait écrit tous les grands classiques de son père Gérard Oury.Le chef-op Edmond Séchan,le décorateur Jacques Bufnoir,,la monteuse Marie-Josèphe Yoyotte et l'assistant Rémy Duchemin étaient tous des techniciens réputés.Seul Vladimir Cosma sort du lot avec sa musique,notamment l'insubmersible slow de la mort "Reality",chanté par Richard Sanderson.Et c'est produit par Alain Poiré pour la Gaumont,gage d'une certaine qualité.Certes,on commence à éprouver un léger doute en découvrant que le coproducteur n'est autre que l'avionneur Marcel Dassault,connu pour apprécier le cinéma niais et sucré.Et pour ça on va être servis avec ce navet explosé fonctionnant sur deux niveaux.Il y a d'une part les amourettes de l'insupportable Vic,et d'autre part les problèmes de couple de ses parents,car figurez-vous que papa a trompé maman avec une parfumeuse nympho et que ce con,après avoir déployé tout un tas de ruses délirantes pour cacher son adultère,est finalement allé avouer son infidélité à madame,sans qu'on sache pourquoi d'ailleurs.Au milieu de tout ça frétille Poupette,l'arrière-grand-mère de Vic,caricature débile de la petite vieille plus dynamique et moderne que tout le monde,le genre dont on voudrait se débarrasser fissa,quitte à l'enfermer dans un EHPAD infesté par un virus mortel.Donc la grande affaire de l'histoire c'est les boums,car c'est là qu'il faut absolument être pour choper du sexe opposé.Le suspense est intenable car les obstacles se multiplient sur le chemin des amours de Vic.Les organisateurs de la fiesta vont-ils l'inviter?Ses parents la laisseront-ils assister à cet évènement capital de l'année scolaire?Le pas beau Mathieu s'intéressera-t-il à elle?Combien de doigts doit-elle le laisser lui mettre dans la culotte?Pourquoi la laisse-t-il tomber pour cette pétasse canon?On le voit,la narration est intense et on frémit à chaque scène.Pendant ce temps les vieux se prennent méchamment la tête et maman vire papa de la casbah,heureusement qu'il y a Poupette,ses repas dans les grands restos,ses concerts de yukulele,ah non parait qu'elle joue de la contrebasse,et surtout ses précieux conseils car,en tant qu'éternelle maîtresse d'un type qui n'a jamais voulu quitter sa femme,elle a toujours un avis sur la question.Bon,on est chez les bourgeois parisiens,ce qu'on n'appelait pas encore des bobos mais le coeur y est.De fait on se marre devant les évolutions de ces petits branleurs bien peignés qui se la jouent affranchis et sont rendus plus ridicules encore par les répliques de la mère Thompson qui les fait carrément passer pour plus demeurés qu'ils ne le sont,ce qui semblait pourtant difficile.Les parents se nomment François et Françoise,on suppose que ça fait partie des gags hilarants qui émaillent le film,en tout cas ce n'est même pas le plus mauvais tant l'humour rase le caniveau.On est cool chez ces braves gens,sauf quand on n'est pas content,et là on verse vite dans la violence.Françoise détruit la parfumerie de sa rivale,dans une scène horriblement ratée,mais elles le sont toutes,où l'agressée n'esquisse pas un geste pour l'en empêcher.Et ça n'aura aucune conséquence en dépit des millions de francs de dégâts occasionnés.Pas de plainte,pas d'arrestation,pas de tribunal,rien,nib,peau de zob.François,plus modeste,ira juste casser la gueule du beau prof d'allemand de sa fille,avec qui bobonne s'est sexuellement vengée.Yoyotte yoyote sacrément et les séquences s'enchaînent avec une mollesse confondante pour se terminer en ellipses.Ca ne va jamais au bout,on coupe et on passe à autre chose,autres personnages,autres lieux,next!Pour éviter le sommeil on relance de temps en temps avec un petit coup de "Reality",c'est plus stimulant que le Guronsan.Les comédiens principaux surjouent comme des tarés et sont loin d'exprimer leur talent habituel.Claude Brasseur en fait des tonnes et gesticule comme un épileptique en crise,Brigitte Fossey essaie de gérer mais déraille par moment,et Denise Grey cabotine à mort car elle n'en revient pas d'être là.De fait tout le monde l'avait oubliée,et pour être franc on la croyait morte.Les seconds rôles,moins exposés,s'en sortent mieux.Bernard Giraudeau,lumineux et beau comme un dieu,sauve ses scènes.Dominique Lavanant assure en nympho tenace et Jean-Michel Dupuis est parfait en bon copain-alibi dévoué.Jean-Pierre Castaldi surgit brièvement en prof poilu,et on voit passer des acteurs du ciné d'antan,notamment Robert Dalban et Frédéric de Pasquale qui étaient déjà partenaires en 67 dans "Le Pacha" avec Gabin.Et les mômes dans tout ça?Parce que c'est quand même eux qui sont mis en évidence ici.Alors là il faut évoquer une grave question.Il est certain que l'insertion des handicapés est une grande cause qu'il faut soutenir,mais désigner un directeur de casting sourd et aveugle n'était pas la meilleure idée qui soit.Sérieux,recruter des jeunes acteurs qui parlent aussi atrocement faux, ne savent pas bouger et ont des expressions faciales à ce point clownesques n'a pas pu être l'oeuvre d'un responsable en pleine possession de ses moyens.En l'état le niveau de jeu se situe à peu près entre le spectacle de fin d'année de l'école primaire et l'atelier théâtre pour les dyslexiques en détresse orthophonique.Du reste on ne reverra jamais ces malheureux ados,sauf dans "La boum 2" qui envahira les écrans deux ans plus tard.Il y en cependant une qui survivra au massacre,il s'agit bien sûr de la star du show,la divine révélation,cette merveilleuse comédienne que le Monde entier,et même au-delà,nous envie,j'ai nommé la merveilleuse Sophie Marceau.Mais oui c'est une blague!Que vous êtes naïfs des fois.En "reality",ceux qui pensent que Soso est devenue mauvaise avec le temps se trompent,et ce premier film le prouve:elle est nulle depuis le début!