Implosion rossellinienne* d'un jeune couple (non marié) que le surgissement providentiel en son sein d'un bébé abandonné ne saura contrecarrer. L'homme est lâche, paranoïaque, narcissique, égoïste, immature (gratiné, le mec !), symptomatique d'une réalité iranienne sclérosée, suspicieuse, conservatrice, où les valeurs socialistes ne sont que vent, hypocrisie, qu'elles émanent de l'intelligentsia ou des autorités administratives. A travers l'utopie de Taji (vie de famille en concubinage libre), c'est la sombre condition féminine du pays qui se rêve réinventée dans un nouveau modèle sociétal et une main symbolique, solidaire, tendue au peuple, celui des laissés pour compte. Le désir de redonner une âme à une société moralement corrompue.
Mise en scène parfois hasardeuse privilégiant souvent le hors champ, les soliloques en plans fixes, parfois démonstrative, appuyée (les innombrables plans documentaires sur le orphelins; l'une des dernières scènes où Hashem s'approche du panneau d'écrans TV dans la rue, au son d'un discours hypocrite, tandis qu'un handicapé avance ostensiblement dans son siège roulant...), jeu assez théatral (alternance trop automatique des lignes de dialogue, entre autre; un son pris en direct qui m'a semblé être post-synchronisé justement !), mais les différentes immersions en milieu urbain sont plutôt réussies. La première partie du film qui aboutie, après les lumières de la ville, dans un bâtiment en ruine peuplé de présences spectrales** installe une ambiance assez onirique.
(*) Europe 51 / Voyage en Italie, mais Antonioni non plus n'est pas loin
(**) La piètre copie sous-titrée disponible sur le net rend cette séquence on ne peut plus abstraite (l'enfant est langé de blanc, ça aide !). La restauration récente, dont j'ai aperçu quelques photogrammes, est spectaculaire.
5,5/10