On the Beach (again)
Il est toujours douloureux d'admettre qu'un réalisateur qu'on aime profondément s'est égaré, et la bienveillance de la critique française envers le ratage complet qu'est "la Caméra de Claire"...
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le 17 mars 2018
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Il suffit parfois d'une sensation... d'une émotion et l'esprit s'amarine à une période passée et vous fait débarquer dans un univers que vous croyiez à jamais immergé. Dès les premières images de "La caméra de Claire" un bien-être s'impose. Des personnages aux comportements délicieusement accentués, un décor qui semble idyllique (la plage et bord de mer de Cannes, hôtel particulier...), un chassé-croisé sentimentalo-nanti, des conversations plus que superficielle en guise de dialogues. Malgré cette "touch" empreinte de légèreté, où découle une forme de réalisme, il ne faut voir qu'une supercherie. Trop belle pour être honnête ! On se croirait chez Rohmer période mi-eighties avec notamment "L'amie de mon amie", "Le rayon vert" ou encore "Quatre aventures de Reinette et Mirabelle". On pense aussi à d'autres de films de Rohmer jusque dans le titre, mais ceux-là sont significatifs d'une période. Pourtant en aucun cas il faut envisager le travail de Hong Sang-Soo comme un plagiat et il va plus loin que le simple hommage. Il est fort à parier que cette ambiance si particulière et si délicate instillée par le "maître" lui manque autant qu'à moi-même et sans doute beaucoup de cinéphiles.
Cette friandise cinématographique joue sur le velours de la subtilité. Rien ne se dit vraiment tout se comprend à l'écran. Dans ce sens Hong Sang-Soo joue beaucoup avec ses plans, qui forment chacun une pièce de puzzle. Il sème le trouble, et s'amuse. L'action se passe au Festival de Cannes, mais il n'y a aucune effervescence, plage et rues semblent bien désertes. L'ambiguïté tient également au quatuor. Car comme dans les "Contes Moraux" de Rohmer il faut se méfier des apparences. Et la personnage de Claire n'est pas vain...
Appareil photo à la main, Claire saisit la personne au présent prétendant que celle-ci ne sera plus tout à fait le même après le cliché. Tous s'en amusent sans imaginer qu'elle dit vrai. Chaque photo livre au spectateur un détail supplémentaire, un complément d'info direct, sur l'un ou l'autre des personnages, notamment Manhee et Wansoo. Claire, avec sa fausse décontraction et ce détachement affiché tient alors le rôle de bain révélateur.
Bien évidemment, "La caméra de Claire" n'est pas le chef d'oeuvre qui placera Hong Sang-Soo au panthéon des cinéastes. Mais comment y résister ? Le choix des acteurs est appréciable, et fait comme chez Rohmer, la part belle aux femmes. Le trio féminin Huppert/Min Hee Kim/Jang Mi Hee fonctionne à merveilles et toutes sont délicieuses. La photo est radieuse où Cannes semble même être un Paradis. Le film est ingénieusement très court et plein de fantaisie.
Avec cette morosité qui plombe notre air du temps, dans la vie autant qu'au cinéma, 1h09 de distraction frivole et illusoire fait du bien. "La caméra de claire" comme ceux de Rohmer est un film solaire.
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Créée
le 13 mars 2018
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