La Caravane de Feu n’a pour lui que la sympathie qui se dégage de son duo de tête. Car il faut bien avouer que la réunion de deux acteurs mythiques dans un même film, à savoir John Wayne et Kirk Douglas, réjouit même les moins spécialistes des spectateurs, ceux qui ont déjà vu dans leur vie un John Ford et La Planète des singes ou Soleil Vert. Et les deux acteurs assurent le show. Leur camaraderie à l’écran ne fait aucun doute et donne lieu à des moments plutôt drôles : nous les suivons se chamailler, se taper dessus dans le saloon, s’entraider avant de revendiquer un sentiment d’autonomie aussi farouche que drolatique. Voici venir deux cowboys décatis et roublards qui embobinent les femmes, les Mexicains déguisés en Indiens ainsi que les forces de l’ordre.
Le souci, c’est qu’en oscillant entre parodie – ce qu’il n’est pas tout à fait – et classicisme, le long-métrage témoigne d’une faiblesse congénitale qui l’empêche d’atteindre la puissance dramatique et visuelle espérée. L’intrigue dans laquelle évoluent nos protagonistes principaux n’est jamais crédible et échoue à dynamiser des séquences souvent étirées en longueur, vaste prétexte à un déballage de poncifs chers au western. Notons que certains choix scénaristiques s’avèrent aujourd’hui contestables et frôlent le racisme (et la discrimination des femmes) : de l’or et de la farine jetés sur la route attirent les populations indiennes comme des animaux domestiques à nourrir, tout un peuple indien est fusillé par une mitrailleuse pour mener à bien l’attaque de la diligence, deux servantes asiatiques utilisées en bonniches etc.
Règne ici un laisser-aller qui divertit et amuse, mais qui contribue à fossiliser un genre alors à bout de souffle et qui ne trouve pas dans La Caravane de Feu – pas non plus la scène de course-poursuite finale, quoiqu’efficace – les étincelles susceptibles de le revigorer.