Ô Suzanne !
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le 23 août 2014
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Dans les jeux des relations et des sentiments, les apparences sont parfois trompeuses...
La Carrière de Suzanne fait directement suite à la Boulangère de Monceau dans ses ambitions littéraires avec une nouvelle fois la présence d'un narrateur, marquant ainsi définitivement la voie entreprise par ces contes moraux. Bertrand est un étudiant plutôt discret, introvertie, gardant ses pensées pour lui. Il est tellement effacé que c'est son meilleur ami Guillaume qui prend le pas sur lui, voire carrément sur le moyen métrage. Cette emprise de Guillaume souligne par ailleurs la confusion des points de vues mais aussi des relations du film. Le titre évoque Suzanne, le début place Guillaume au centre de l'intrigue et le narrateur est Bertrand... difficile de suivre tout ces embranchements et de savoir qui nous devons suivre. Bertrand reste malgré tout le protagoniste du film. C'est une personne ayant ses idées toutes faites, pourtant il semble assez perdu, se faisant mener par le bout du nez par tout le monde, particulièrement par son meilleur ami. Il l'adule au point de devenir un simple pion dans ses jeux pernicieux. C'est une personne constamment isolée, la réalisation le plaçant toujours seul, notamment lors de cet étrange ménage à trois entre lui, son ami et Suzanne. Ce statut d'être presque asocial, reflète son caractère peu enclin à prendre des initiatives, notamment vis-à-vis de Sophie, la fille qui lui plaît. Selon ses dires, il y va à sa manière, chose qui lui donnera un temps raison, réussissant à la conquérir, cependant, ce sera Suzanne qui, à la fin, aura une meilleure situation que lui.
Bertrand souffre des jugements hâtifs qu'il porte à autrui. Tout au long du métrage, il se fait une mauvaise idée de Suzanne et de Guillaume. Selon lui Suzanne est une cruche soumise à son meilleur ami, c'est une femme aucunement digne de lui. Bertrand ne l'apprécie guère, chose qui sera le contraire pour elle. Ayant vu juste sur lui, Suzanne se trouvera incessamment sur son chemin. L'apogée de ce jeu de séduction unilatéral se fera chez Bertrand. Suzanne s'ouvrira à lui, déshabillera ses pensées, tandis que lui enlèvera ses vêtements dans son dos, indiquant alors subtilement son désintéressement, penché sur ses convictions et ses idées. Au final, Bertrand comprendra qu'il s'est trompé du tout au tout avec elle, celui-ci venant même à l'apprécier physiquement, sauf qu'il est trop tard.
Rohmer organise ce jeu des apparences comme il réalise la séquence de « ouija » : qui fait bouger la table ? Logiquement Bertrand, néanmoins, en sommes nous véritablement sûr ?
Créée
le 7 mars 2022
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