Etudiants un peu trop sages

Le dernier conte moral qui me restait à voir, mais vu que c'était un court, j'en attendais pas grand chose. Et pourtant, c'est le seul conte moral qui s'éloigne du schéma établi dans La Boulangère du parc Monceau pour essayer autre chose. Ici, le personnage principal n'a pas encore rencontré son plus grand amour et ne va pas avoir à éviter de le rater avec une autre femme. On retrouve le jeune branleur traditionnel cher à Rohmer, dans des décors superbement retranscrits, et une ambiance estudiantine vraiment sympa, mais qui est dans l'ombre de son meilleur ami et n'a guère de goûts pour les femmes.

Du coup, les problématiques soulevées sont assez différentes des autres contes moraux, ce qui apporte un vent de fraîcheur au film. J'aime beaucoup la façon dont Rohmer montre ces rencontres entre étudiants, qui se produisent au hasard des gens que l'on croise dans la rue ou dans un café, et qui oscillent entre libération sexuelle à venir et conventions sociales à respecter.

Et puis le fait que pour une fois, le héros soit un timide dans l'ombre de son ami plutôt qu'un type trop sûr de lui change pas mal de choses, puisque pour une fois le héros a conscience de ses hésitations entre deux filles, et du fait que son ami est un beau connard. Du coup c'est très drôle, et les scènes hors voix-off sont excellentes aussi, comme la séance de spiritisme qui s'étale en longueur, drôle à souhait.

Après, tout n'est pas parfait. Déjà Suzanne n'a pas le charme habituel des héroïnes de Rohmer, la tension est du coup moins palpable. Et puis, si la forme n'a pas été conservée pour la suite des contes moraux, c'est bien parce qu'elle est moins percutante que celle de La Boulangère du parc Monceau, bien que ce film soit bien plus intéressant que ce court-métrage. Et puis, le côté amateur est un peu agaçant aussi par moment, avec cette post-synchro parfois un peu trop visible.

Ca n'en reste pas un film très drôle et très juste sur la condition étudiante, qui apporte un vent de fraîcheur dans la forme, mais aussi dans le fond, des contes moraux. Mais pour un tel sujet, j'aurai préféré un truc plus tendu comme La Collectionneuse par exemple.