La violence, la vraie

Je ne suis pas spécialiste de la filmographie de Claude Chabrol, je ne suis pas forcément spécialiste du cinéma français non plus. Je me souviens avoir vu « La cérémonie » il y’a cinq ans sur grand écran lors du programme cinéma de la terminale L. Même si à l’époque je n’étais qu’un adolescent, je me souviens être ressorti marqué par ce que je venais de voir à l’écran. Je venais d’assister à la violence, la vraie, celle qui glace le sang avec une tension infernale. Deuxième visionnage, et j’ai toujours cette impression. Voici le synopsis de « La cérémonie », thriller/drame de Claude chabrol de 1995 :

« L'amitié entre une bonne analphabète et secrète mais dévouée et une postière curieuse et envieuse va déclencher une série de drames »

La force de « La cérémonie » repose énormément dans ses acteurs et personnages. D’un côté, nous avons la famille bourgeoise. Cette famille est typiquement le genre de famille que l’on peut vomir. Il s’agit d’une famille pleine de préjugés, qui ont des soucis de second rôle dans la vie, qui lisent et écoutent de la musique classique pour se différencier de la classe populaire et qui sont incapables d’offrir plus qu’un lit et une télé abrutissante à leur servante qu’ils appellent parfois « boniche ». De l’autre côté, nous avons cette femme analphabète, avec certainement un passé difficile et qui a tendance à se faire marcher dessus qui devient amie avec cette postière caricature de la classe populaire avec son âme charitable. Nos sentiments envers ces personnages au fur et à mesure du film. Au beau milieu du film, on en vient à se demander qui on déteste vraiment ? Tout cela est porté par de très bons jeux d’acteurs. Sandrine Bonnaire et Isabelle Huppert ne sont pas deux actrices que j’apprécie forcément, mais dans cette œuvre de Chabrol elles sont excellentes.

Il y’a cette critique sociale derrière tout ça en plus. Ce sentiment que deux classes sociales complètement différentes ne pourront jamais cohabiter. Ca n’est pas forcément de la faute de l’un ou de l’autre, c’est notre société comme ça. Ce sentiment d’humiliation subie par la classe populaire, parfois appliquées de manière inconsciente par la classe bourgeoise, ne peut être effacé. Cette lutte des classes entre une classe bourgeoise qui ne voit pas d’égaux en la classe populaire, et cette classe populaire qui vomit sur cette classe bourgeoise car elle n’a pas la même vie : voici la symbolique que l’on peut déceler dans « La cérémonie ».

Et je conclurais en disant que si vous trouvez que ce film n’est pas violent, n’est pas cruel autant dans ses gestes que dans ses paroles, alors c’est que vous n’avez rien compris à la violence. « La cérémonie » est un chef d’œuvre.