Merci, Almodóvar, d’avoir créé un film pour toutes les saisons sur le thème de la mort, un film si esthétiquement beau que je l’ai dévoré comme un gâteau de Noël dans la magnifique Salle 1 du cinéma Balzac. J’avais l’impression de siroter ces milkshakes onctueux, de plonger dans les illusions d’optique des tableaux sur les murs—un subtil présage de ce verre d’eau fatidique et du voyage inévitable vers la pièce d’à côté…
Ce film est incroyablement cathartique et étonnamment apaisant, offrant une vision de la mort qui ne repose pas sur les larmes ou le désespoir. Son New York moderne et prétentieux, volontairement « controuvé », paraît totalement crédible et auto-conscient, un espace que seules Tilda Swinton et Julianne Moore pourraient habiter avec tant d’aisance, unies dans leur sororité écossaise sous la direction de la Scarlett O’Hara espagnole (lisez ‘Patty Diphusa’ d’Almodóvar pour comprendre cette référence).
Les thèmes de la mort entourée de personnes qui n’étaient pas forcément les plus proches, et de la découverte d’un amour et d’une confiance inconditionnels avec presque des étrangers, sont explorés avec une légèreté comique qui, à la fin, m’a fait rire de joie. Le film nous rappelle que l’amour et l’amitié impliquent souvent des conditions, des petits mensonges et, parfois, des moments de consentement involontaire. Mais comme le suggère le film, quand ces réalisations arrivent—si l’on a la chance de contrôler sa propre mort—on les accepte comme faisant partie des contradictions de la vie.
La mort, après tout, est inévitable. Mais la guerre ? Cela, peut-être, est un choix—une distinction troublante qui persiste longtemps après le générique.
En sortant du cinéma, une douleur aiguë m’a saisie au ventre, et je me suis demandée : « Que ferait Ingrid ensuite ? » Vous devrez le regarder pour comprendre ce que je veux dire…