Le nouveau film de Pedro Almodóvar, La chambre d’à côté, promettait une œuvre intimiste et profonde, mais il se perd dans ses ambitions mal maîtrisées.
Si le réalisateur reste fidèle à son usage des couleurs vives pour ponctuer le récit, ces touches visuelles intéressantes peinent à masquer les nombreux écueils. Dès l’ouverture, la mise en scène désastreuse alourdit la présentation des personnages. L’usage simultané de dialogues explicatifs et de flashbacks mal intégrés (notamment pour illustrer la jeunesse de Martha, interprétée par Tilda Swinton) rend l’introduction laborieuse. Ce manque de subtilité imprègne l’ensemble du film, avec des dialogues répétitifs et écrasants, allant jusqu’à marteler le titre ou des références à plusieurs reprises.
Le scénario s’égare dans un amas de thématiques abordées à la va-vite. L’homosexualité, le réchauffement climatique, et même la montée de l’extrême droite ne sont qu’effleurés, réduisant le récit à un fourre-tout inégal. Certaines scènes, comme celles de la salle de sport ou les interventions inutiles du personnage joué par John Turturro, n’apportent rien à l’intrigue. Ce déséquilibre se reflète aussi dans les personnages : Martha reste froide et impassible, tandis que Ingrid (jouée par Julianne Moore) semble peiner à donner de la consistance à son personnage. Leurs échanges, trop théâtralisés et bourrés de phrases creuses, frisent parfois le ridicule.
Le cadre du film, une maison d’architecte isolée, accentue l’impression d’un univers coupé de toute réalité, où des personnages privilégiés se complaisent dans leur culture élitiste. La musique, répétitive et glaciale, appuie encore ce sentiment d’un film prétentieux et déconnecté.
En fin de compte, La chambre d’à côté est une œuvre froide et impersonnelle, qui échoue à émouvoir ou captiver.