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Amorcée depuis plusieurs années, l’évolution du cinéma de Pedro Almodovar vers une forme d’expression plus dramatique, revêt avec « La chambre d’à côté » un caractère beaucoup plus radical, en se confrontant à la maladie et aux questions philosophiques entourant la fin de vie et la mort assistée.


Pourtant si elles sont évoquées très tôt dans le film (Ingrid-Julianne Moore- apprend lors d’une séance de dédicaces qu’une amie, Martha –Tilda Swinton- qu’elle n’a pas vue depuis longtemps souffre d’une maladie grave) ces thématiques ne sont pas abordées frontalement dans un premier temps, manifestation d’une certaine réticence pour le cinéaste à se confronter à un cinéma ouvertement dramatique.


La première partie du métrage est assez déroutante : les longues discussions jalonnant les retrouvailles entre les deux amies sont plus insignifiantes et plus légères que « LA » grande question qui sous-tendra la suite du film. Cette sorte de long préambule dans lequel Martha confie ses regrets à propos sa relation avec une fille désormais adulte, qu’elle a beaucoup négligé et qu’elle ne voit plus. Sa rencontre avec le père de l’enfant s’inscrit également volontiers dans une réalité plus anodine mais plus proche des thèmes habituels du cinéaste madrilène, donnant lieu à quelques scènes déroutantes (l’incendie d’une maison sans habitant au milieu de nulle part), voire très surprenantes : une séquences de retrouvailles presque badine entre d’anciens amants durant la guerre en Irak dépourvue de tension (la guerre selon Pédro...)


Pourtant ces scènes, expédiées dans une sorte d’entrain forcé, n’ont pas l’irrévérence et encore moins la saveur habituelles, ce long prologue est finalement très peu illustré (par l’image), mais « raconté » dans une conversation ininterrompue (ceux qui auront la chance –malgré tout- de le voir en Vo vont « bouffer » du sous-titre) entre deux vieilles amies, qui peu à peu exclut le spectateur.


La seconde partie, même si elle offre un changement de cadre bienvenu va volontairement accentuer ce phénomène d’enfermement, confrontant les deux amies

au déclin inéluctable de Martha.

Le réalisateur usant de nouveau d’artifices un peu trop visibles pour être totalement gommés par la prestation des deux actrices :

(une pastille oubliée, une porte laissée fermée par inadvertance), afin d’ancrer tout à son final dans le mélodrame quasi nihiliste «le film parle d’une femme qui agonise dans un monde qui agonise aussi » Pedro Almodvar


Yoshii
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