"Auréolé du Lion d’or à la dernière Mostra de Venise avec l’adaptation du roman éponyme de Sigrid Nunez, Pedro Almodóvar développe un thriller existentiel en reconnaissant l’euthanasie comme une digne échappatoire dans un monde surchargé en souffrance. La Chambre d’à côté constitue alors un geste artistique transgressif et bienvenu, comme à son habitude, en faisant de nous les témoins et complices d’une tragédie humaine."
"Julianne Moore et Tilda Swinton, un cocktail qui gagnerait à exploser sur la scène hollywoodienne, mais qui sont appelées à interagir dans une extrême et intense retenue devant la caméra d’Almodóvar. [...] Malgré un emballage esthétique qualitatif, la narration pèche dans les insertions de flashbacks, beaucoup mieux dilués dans Douleur et Gloire, où le passé alimentait davantage l’intensité émotionnelle, presque qu’autant que dans le présent. Ce film constituait déjà un « adieu » prématuré et bouleversant de l’artiste. Cette nouvelle itération avec La Chambre d’à côté le confronte à ses propres démons, revenus le hanter pour des raisons obscures, mais qui ont néanmoins la délicatesse de magnifier une profonde introspection, à défaut de nous émouvoir. De même, on sent qu’Almodóvar prend beaucoup plus de distance avec le réel dans la fameuse scène de « répétition », où Martha apparaît dans une robe blanche à travers une vitre, tel un spectre."
"Ses décors, aux couleurs vives et pop, constituent autant des leviers de caractérisation des personnages que de leurs sentiments. [...] Et encore une fois dans La Chambre d’à côté, Almodóvar s’en sert comme un contrepoids à la douleur, celui d’une histoire sombre et de plus en plus accentuée par la mortalité. En cela, à l’issue d’une ultime séquence enneigée, certains pourraient y voir un caprice ou un acte testamentaire prétentieux d’un artiste en fin de carrière, lorsque d’autres spectateurs plongeront naturellement dans sa relecture visuelle, intime et sensuelle des limbes au cœur d’une forêt, où l’amour et la fraternité s’additionnent pour ne laisser qu’une bulle de tendresse et de renaissance."
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