Pedro Almodóvar n'a toujours pas pris sa retraite ; il revient en effet en ce tout début d'année avec ce nouveau film envers lequel j'étais plutôt sceptique. En effet, si j'apprécie beaucoup le réalisateur de manière générale, certains de ses films m'ont laissé sur le carreau et je redoutais un peu celui-ci qui me paraissait bien lent. Et c'est effectivement le cas !
En effet, je ne vais pas cacher le fait que le rythme du film est lent, j'ai même eu du mal à complètement rentrer dedans même si on y repère tout de suite les motifs habituels du réalisateur : un film sur les femmes, un sujet tout aussi dramatique qu'incongru (même si l'humour noir propre au réalisateur y est ici absent) et une palette de couleurs assez impressionnante (la mise en scène est d'ailleurs toujours aussi réussie, chaque plan ou presque étant un tableau, magnifié par la B.O. de Alberto Iglesias qui reprend d'ailleurs, pour une scène, le thème d'"Étreintes brisées").
Pour donner un peu de contexte, nous suivons ici une femme atteinte d'un cancer en phase terminale qui décide de s'euthanasier elle-même. Mais pour cela, elle demande à une ancienne amie de l'accompagner dans une maison qu'elle a louée pour l'occasion. Avec ces deux personnages, nous avons la personnification de la vie et de la mort. Tandis que l'une est très pessimiste, l'autre est particulièrement optimiste, même à sa manière de discuter avec un ami qui n'a plus foi quant au futur de l'humanité qu'il pense être condamnée.
Alors oui, dit comme ça, c'est plutôt simpliste et je fais de l'analyse de comptoir avec cette critique mais Almodóvar y insuffle tellement de poésie que le sujet en devient passionnant. Effectivement, si j'ai donc eu du mal à rentrer dedans, je me suis ensuite complètement laissé emporter par ces deux personnages que tout semble opposer mais qui semblent en même temps extrêmement proches dans leur parcours de vie.
Alors certes, le film est un peu long par moments (notamment toute la dernière partie qui n'était pas vraiment nécessaire ou les flashbacks qui confèrent pour certains au film un aspect un peu ringard ; je pense notamment à la scène de la maison en feu) mais ce rythme lent est essentiel à l'intrigue puisque nous abordons, encore une fois, le sujet de la mort et plus précisément, l'attente de cette dernière. Puisque tandis que le premier personnage est imprévisible et ne sait pas vraiment quand il va s'euthanasier, le second la redoute.
Concernant les actrices, nous avons principalement Tilda Swinton et Julianne Moore qui nous livrent d'excellentes performances.
"La Chambre d'à côté"', en plus de faire partie des films les plus réussis du réalisateur, nous prouve que ce dernier en a encore sous le capot !