Lisa Azuelos, fille de la célèbre chanteuse Marie Laforêt, est une réalisatrice déjà très connue pour ses films Comme t'y es belle (2006), LOL (2008), Dalida (2016), Mon Bébé (2019) et récemment I love America (2022), avec les femmes, leurs amours et leurs enfants comme source d'inspiration constante.
Dans la Chambre des Merveilles, elle adapte à l'écran le livre éponyme de Julien Sandrel, dans un joli film poétique, presque un conte, mêlant de manière allégorique gravité et joie, avec de très belles images accompagnées d'une musique inspirante.
Pourtant l'histoire est terriblement triste : Thelma, une mère célibataire, absorbée par son travail compliqué, ne voit pas son fils Louis de 13 ans se faire renverser dans la rue, évoluant en skateboard à ses côtés, ce qui le plonge dans un coma dont la médecine lui annonce qu'il a très peu de chance de se sortir.
Thelma découvre par hasard son journal intime (quand même 3 mois après l'accident sous son oreiller !), dans lequel Louis a listé les 10 choses importantes à faire avant la fin du monde. Plutôt que de rester désemparée, Thelma entreprend de les réaliser elle-même, persuadée que cela va aider son fils, en se rendant compte aussi qu'elle le connaissait finalement très peu.
C'est une façon pour elle de garder l'espoir, dans une forme de joie que l'on peut estimer coupable, et ainsi de continuer à s'occuper positivement de son fils en lui relatant ses exploits dans cette chambre d'hôpital dite des Merveilles, afin de tenter de communiquer avec lui pour le ramener à la vie au-delà de toute considération médicale.
Quelle mère ne ferait-elle pas cela si elle en avait la possibilité plutôt que de sombrer dans un désarroi total ?
Hélas le scénario consiste presque seulement à cocher des cases, action après action, sans cohérence entre elles (rappelons qu'elles viennent de l'imagination fertile d'un enfant de 13 ans), avec l'impression d'être dans un jeu vidéo avec Thelma comme super héroïne...
Et il faudra attendre les toutes dernières actions, la rencontre avec le père de Louis, et surtout une lettre décrivant leur vie dans 10 ans, pour être rattrapé par une émotion sincère où le vrai espoir pourrait surgir.
Thelma est jouée par une Alexandra Lamy naturelle et très impliquée dans son rôle de mère dévouée, aimante et protectrice, même si elle manque quelque peu de profondeur dans les sentiments exprimés.
Thelma est entourée par sa mère Odette, jouée par une truculente mais réaliste Muriel Robin et qui contribue à éloigner tout pathos du film, en allégeant notamment l'ambiance morose à l'hôpital. Citons aussi Etienne, l'ami "grand frère" de Louis, joué par un Xavier Lacaille enjoué et qui ne manque pas d'aider Thelma pour certaines scènes à accomplir.
Ce film est une sorte de balade onirique de l'espoir (presqu'une ballade aussi), qui nous fait vivre en permanence un sentiment mélangé de tristesse et de joie. Et dans sa léthargie, on se prend à imaginer que Louis comprend sa mère, voire qu'il accepte qu'elle vive à sa place ses paris pour reprendre espoir en la vie.
Pour tenter de sauver son fils, Thelma est adepte de Bernard Asleyr : "Ne rêve pas ta vie mais vis tes rêves"; ici cela peut paraître illusoire, voire dérisoire, mais comme elle, rien n'empêche le spectateur d'avoir envie d'y croire !