La chambre des merveilles

Une découverte que ce film "la chambre des merveilles", sorti en 2023, réalisé par Lisa Azuelos. Un passage par wikipedia me montre que cette cinéaste que je ne connais pas du tout, en est à son neuvième long-métrage … Accessoirement, elle est aussi la fille de Marie Laforêt, ce qui me la rend éminemment sympathique …

Pendant le visionnage, je me disais qu'il y avait dans ce film (aussi) plusieurs lectures possibles qui peuvent conduire à des appréciations très différentes.

Le scénario est adapté d'un roman que je ne connais pas et tourne autour du coma d'un enfant, Louis, d'une douzaine d'années suite à un accident de skate. Vivant, certes, mais dans un état végétatif. Dans son désespoir, la mère célibataire Thelma (…) (Alexandra Lamy) est prête à tout tenter pour faire revenir son fils de sa nuit profonde. Elle trouve fortuitement dans les affaires de son fils un cahier intime où il notait ses envies ou ses rêves les plus fous à réaliser "avant la fin du monde".

Thelma décide de réaliser chacune de ses envies puis en partager le résultat avec son fils dans l'intimité de la chambre de l'hôpital, dans l'espoir de le toucher, d'obtenir une réaction dans la nuit où Louis est plongé.

C'est là que les lectures su film peuvent être très différentes. La première, basique, c'est la vanité de la démarche. Avec le risque, si l'enfant vient à se réveiller, de reprocher à sa mère de lui avoir volé ses rêves, que sa vie a perdu son sens. La deuxième lecture, qui est plutôt la mienne, est bien plus positive. Ces rêves deviennent les étapes d'un chemin initiatique de Thelma pour, en définitive, apprendre à connaître son fils. Il y a de tout dans cette liste de rêves qui vont de la gifle à assener à un copain qui a manqué de respect à sa copine jusqu'à nager avec des baleines. Bref, c'est l'imaginaire d'un gosse de douze ans qui cherche à s'évader d'une vie plan-plan avec Maman qui veut qu'il soit sage et travaille bien à l'école. Heureusement, on échappe au voyage sur Mars qui aurait été un peu plus délicat… Mais il y a de l'idée dans ce chemin initiatique avec, en particulier, l'inévitable souhait secret d'un enfant sans père de vouloir le rencontrer une fois.

Du coup, on échappe dans le film au pathos qui était ma crainte et une tentation bien facile par un scénario onirique et des personnages positifs, pour qui la vie doit continuer coûte que coûte.

L'interprétation repose essentiellement sur Alexandra Lamy qui s'acharne dans sa liste des "douze travaux" où elle doit parfois sérieusement mouiller la chemise … Son rôle de mère atteinte dans sa chair, impuissante devant le destin mais qui n'hésite pas à le braver, force le respect.

La grand-mère, interprétée par une truculente Muriel Robin, contribue à rendre l'atmosphère générale du film sincère et cordiale. Habituellement, je n'aime guère le style de l'humoriste qui ne me fait jamais rire. Mais ici, elle colle parfaitement avec le personnage.

La mise en scène m'a paru très réussie avec une belle photographie. Et la bande-son accompagne bien les différentes étapes du film.

Finalement, j'ai bien aimé ce film qui nous ramène à l'essentiel, c'est-à-dire à la vie. Dont il ne faut pas hésiter à profiter car elle est bien fragile.

Quant à Lisa Azuelos, nul doute que je vais essayer de trouver autre chose à me mettre sous la dent.