Tout au long de sa carrière, John Ford a toujours eu ce don unique pour magnifier le western. Avec lui, les terres de l'Ouest sauvage du 19ème siècle se transforment en contrées flamboyantes dans lesquelles règnent un doux parfum d'aventure et de nostalgie. Sorti en 1949, La Charge Héroïque s'inscrit parfaitement dans cette volonté qu'eut Ford de livrer une image grandiose du Far-West et, plus particulièrement dans ce cas-ci, de la cavalerie américaine.
Le film nous propose donc de suivre les aventures d'une unité de cavalerie stationnée dans un fort de l'ouest américain et de ses affrontements contre une tribu indienne sur le sentier de la guerre. Tout au long de l'intrigue, la caméra de Ford va alors filmer les scènes de la vie quotidienne de cette petite patrouille perdue dans un immense désert au ciel bleu azur. Tour à tour, elle laisse traîner son objectif sur le vieux capitaine Brittles (incarné par le légendaire John Wayne), sur les interrogations amoureuses d'une jeune fille qui ne sait quel beau soldat choisir, ainsi que sur le bon vieux sergent Quincannon, campé par Victor McLaglen, toujours prêt à lever le coude et ce, à n'importe quel moment de la journée.
Ces personnages, terriblement attachants, sont les acteurs de magnifiques séquences qui sont sublimées par une Technicolor aux couleurs chatoyantes. Ainsi, de cette belle scène où John Wayne se recueille sur la tombe de sa femme à celle hilarante où McLaglen provoque une bagarre dans le bar, Ford nous fait voyager à travers ce Far-West si cher à son coeur, dans lequel les émotions, comme l'humour, la nostalgie, la tristesse et la grandeur, s'enchaînent de manière fluide et naturelle.
Préférant se concentrer sur les tranches de vie de ses héros plutôt que sur de simples scènes d'action, Ford réalise un film profondément humain, où la simplicité n'a d'égal que la grandeur du majestueux Monument Valley.