"Les enfants disent toujours la vérité"…même quand ils mentent.
Thomas Vinterberg est loin d'être un amateur en terme de tragédie familiale - "Les héros" et le fabuleux "Festen" -, et il nous le prouve encore une fois avec ce film choc, qui porte justement son nom : "La chasse". Lucas est un éducateur quarantenaire qui travaille dans un jardin d'enfants, homme élégant, divorcé, chasseur dans l'âme, il adore les enfants, et il le lui rendent bien, malheureusement, lorsqu'il explique à la jeune Clara - la fille de son meilleur ami - alors qu'elle lui offre une lettre d'amour que les relations amoureuses se passent uniquement entre adultes il se retrouve faussement accusé de pédophilie. La petite parle à la directrice d'un soit disant abus sexuel que Lucas lui aurait proféré, celle-ci qui ne remet pas une seule seconde sa parole en doute et prévient toute la ville. Petite ville de campagne où tout circule rapidement, les allégations de la fillette font le tour de la bourgade, la descente aux enfers de Lucas commence, il devient de plus en plus esseulé, persona non grata dans les lieux publics, il va devoir se défendre pratiquement seul contre tous - seul son fils et un de ses proches resteront derrière lui. Même "blanchi", plus rien ne sera comme avant pour Lucas qui devra subir pour toujours les regards suspicieux de certains de ces amis. Vinterberg frappe fort encore une fois, avec un film viscéral, histoire d'un homme commun injustement rejeté du jour au lendemain. Une des grandes qualité de son cinéma demeure dans les silences, les non-dit : la première scène de chasse, de l'église, la "réconciliation" ainsi que la scène finale sont sublimes d'intensité. Et que dire de Mads Mikkelsen, qui livre ici une interprétation de grande classe, tout en retenue, en profondeur, pudique mais grave, cet homme fait partie des grands, sans hésitation aucune. "La chasse" est un très bon film, à propos d'un sujet délicat et traité de manière très intelligente par Vinterberg.