Lucas, s'appliquant dans son travail dans un jardin d'enfants, gère cahin-caha son existence en reconstruction, entouré de ses amis chasseurs de toujours, tout en espérant que bientôt son fils vienne vivre chez lui. Alors que l'éclaircie semble poindre, tout déraille brusquement quand une gamine semble l'accuser de pédophilie... Toute une communauté, bouleversée, arc-boutée autour du principe de l'enfant-roi, fait corps contre le "monstre" qu'il est devenu...
La Chasse sera peut être le film qui m'aura le plus séduit cette année, et ce pour plusieurs raisons. La première, la plus évidente, est la performance de Mads Mikkelsen, époustouflant dans son rôle, avec gravitant autour de lui un casting globalement impeccable, notamment cette gamine Annika Wedderkopp qui pour son très jeune âge fait preuve d'un vrai talent. La seconde tient à cette plongée dans ce Danemark profond, tendance chasse, nature & traditions servant de cadre à cette histoire forcément douloureuse à vivre. Paysages de forêts splendides, atmosphère nordique dépaysante, ça change des images d'épinal françaises ou des mégalopoles étasuniennes sur grand écran.
Surtout, la grande force de La Chasse, au delà de sa réalisation immersive bien accompagnée d'une musique discrète mais efficace, réside dans la multiplicité de mises en situations proposées, toutes juste et équilibrées. Quoique de parti pris puisque convaincu de l'innocence de Lucas, le spectateur est plongé dans la détresse, le doute, la haine croissante de tout un village pour celui qui a souillé ces chères têtes blondes. Comment être raisonnable quand sa chair est atteinte de façon aussi ignominieuse ? Thomas Vinterberg évite de nous dresser le portrait d'un homme seul contre tous, s'attache plutôt à chaque intervenant pour donner à son film un écho polyphonique d'une puissance décuplée. Chaque scène de La chasse sonne juste, vibre de tension et d'émotion.
Certes, La Chasse ne surprend guère, on frôle parfois l'excès de pathos, mais étant donné la thématique, c'est presque miraculeux que l'ensemble ne sombre pas en cours de route. Et cette scène finale ! Tout simplement magistrale.