Ce western est une référence dans l’histoire du genre. Il a fait sortir les westerns des séries B et inauguré l’ère à succès des westerns qui atteindra son apogée dans les années 50. C’est aussi lui qui a fait de John Wayne une vedette. Il marque également le retour de John Ford au genre du western auquel il n’avait pas touché depuis 13 ans. Tourné dans la Monument Valley, il rendra mythique ce site désertique et en fera le lieu le plus symbolique des westerns. John Ford et bien d’autres réalisateurs après lui, tourneront d’autres films dans ce cadre tellement typique.
Les personnages sont hauts en couleur, bien typés et mal assortis. Un trajet en diligence voit réunis, entre autres, Lucy Mallory une dame distinguée et Dallas une prostituée ; un joueur gentleman sudiste et un médecin ivrogne nordiste. Mais aussi un banquier escroc, un représentant en whisky qui n’a pas du tout le profil et enfin Ringo un hors-la-loi qui veut venger le meurtre de son père et de son frère.
Les tensions entre ces personnes si différentes se font tout de suite sentir, cela passe par les paroles, par les regards qui jugent mais aussi par la négation de l’autre. Dallas est laissée ostensiblement de côté tandis que Ringo s’obstine à l’appeler « Madame » et à rappeler à ses compagnons qu’en tant que « dame » elle a autant droit à des égards que Madame Mallory.
Durant ce périple risqué ce sont les gens « peu fréquentables » : l’ivrogne, le hors-la-loi et la prostituée qui se montrent les plus humains et les plus attentifs aux autres.
C’est ce travail approfondi sur la psychologie et l’attitude des personnages qui rend ce western attachant. Il ne nous propose pas uniquement des scènes d’action, mais bien un portrait de la société américaine en construction avec ses gens bien-pensants, sa fracture sociale présente dès le début de son histoire.
Stagecoach c’est aussi la formidable scène d’attaque de la diligence par les indiens et on peut saluer la prestation des acteurs qui est impressionnante. Mais bien sûr, la cavalerie arrive toujours à temps quand on a besoin d’elle ! Stagecoach a été réalisé à une époque qui présentaient les indiens comme les « méchants » et l’armée américaine sous son plus beau jour.