All aboard for Lordsburg !
Un groupe hétéroclite à la fois antagoniste et complémentaire fait voyage dans une diligence malgré le danger indien.
La chevauchée fantastique (Dieu que j'ai du mal avec les titres français de certains Ford) contient plus de cinéma que quantité de films qu'on pourrait mettre bout à bout.
On y trouve de l'épique qui 73 ans après est toujours impressionnant, de la douceur et de la chaleur humaine quand cette population bigarrée est obligée de se serrer enfin les coudes devant l'évènement le plus beau qui puisse survenir, sauf lorsqu'il surgit dans de pareilles circonstances. (et on se demande alors si on est vraiment dans un western ou dans une fable sur l'humanité).
Et certains plans débordent d'éléments phénoménaux pourtant a priori anecdotiques, allez un exemple, quand tout le monde se lève de table pour se diriger vers la porte, le cocher, joué par le génial Andy Devine, reste à se préparer une tartine, seul à contre-courant du mouvement des autres. Mais comment quelqu'un peut filmer ça et le rendre si beau de maîtrise ?
Tous les acteurs sont géniaux notamment Thomas Mitchell en médecin ivrogne et le personnage est lui-même génial. Lorsqu'il est foutu dehors, qu'il emporte sa plaque, sa mégère lui crache à la gueule qu'il ne saurait même pas soigner un cheval. Pourtant quand il s'agit d'assurer en cas de coups durs, il répond présent. Il avoue même qu'il a pratiqué beaucoup, donc au final il vaut bien mieux que ce que sa femme voulait bien nous faire croire.
Pareil pour Dallas, jeune prostituée à l'air triste et perdu. Le seul au départ qui la traite comme une femme, c'est Ringo, et Ringo c'est John Wayne. Tout est dit. J'ai repassé 10 fois la scène où il arrive dans le film mélange de classe inouïe et de candeur et naïveté. Un film de 1h30 qui se transforme en film de 3 heures, on aura tout vu, mais ça vaut le coup. Donald Meek est adorable et attendrissant à bégayer et à avoir peur.
Enfin il y a sans doute une des plus belles scènes de cinéma dans ce film, celle où la jeune femme croyante prie pour un miracle alors que..
Je n'en raconte pas plus, dépêchez-vous d'aller voir ce film et montez dans la diligence du père Ford, on ressort du voyage avec un cœur gros comme ça.