Comme la plupart des films de SF américains des années 50, The Thing From Another World naît autant de la fascination croissante pour la conquête spatiale que des tensions politiques qui nourrissent la paranoïa d'une invasion communiste. Et si le film fonctionne très bien au premier degré, il n'est pas interdit d'y deviner un sous-texte évident qui explique beaucoup de choses, en particulier des éléments de l'intrigue qui sans cela peuvent paraître absurdes (notamment pourquoi la chose se nourrit de sang).


Mais pour bien apprécier l'oeuvre de Christian Nyby, il est plutôt conseillé de fermer les yeux sur son message sovietophobe et passer outre les quelques saillies militaristes et patriotiques (assez subtiles au demeurant). Car The Thing... a beaucoup de très bonnes choses à offrir et se range sans mal parmi les petites perles du genre. Le film est très sobre, très bavard, mais les dialogues déroulent l'intrigue et les rebondissements sur un rythme effréné, sans aucun temps mort. A peine le scénario se permet-il quelques respirations en laissant Margaret Sheridan et Kenneth Tobey roucouler dans une simili-romance plutôt inutile.


Nyby, qui passe ici pour la première fois derrière la caméra, sous la supervision de Howard Hawks, a parfaitement intégré les codes du suspense inhérents au genre, jouant brillamment sur l'économie de moyens et le hors champ pour installer une atmosphère sous haute tension. Si l'attente autour de la Chose a de quoi décevoir tant son design manque cruellement d'imagination, il faut pourtant avouer que sa première véritable apparition en entier à l'écran a des airs de choc visuel absolument terrifiant. Cette scène durant laquelle notre alien, changé en torche (in)humaine, dévaste une salle entière sous l'effet de la panique et de la colère, fait partie des quelques climax mémorables du film, avec la découverte du site du crash et la crispante scène finale.


Au-delà de l'idéologie subliminale, il y a donc là les germes d'un genre cinématographique qui arrive enfin aux premiers stades de sa maturité pour proposer des histoires riches, un tantinet adultes et un minimum crédibles. The Day The Earth Stood Still, sorti la même année, en est une autre preuve malgré ses maladresses.

magyalmar
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le 8 avr. 2017

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