Après le Cid en 1960, c'est le second gros film entrepris par Anthony Mann pour le producteur Samuel Bronston, c'est du grand spectacle assuré, en ultra-panavision et Technicolor qui en met plein la vue ! Rome est superbement reconstituée grâce à d'immenses décors, il y a des figurants à foison, d'ahurissantes scènes de bataille ou de processions (le défilé des différents alliés devant Marc Aurèle, au début du film est prodigieux)... bref c'est un de ces films comme on en faisait à une certaine époque à Hollywood, où l'on reste un peu écrasé par tant de pompe et de richesse. Si vous avez l'impression d'avoir déjà vu cette histoire, ne vous étonnez pas, on la retrouve à peu de choses près dans Gladiator, à la différence que Commodus est plus conforme au vrai personnage (un fils dévoyé qui se comportait comme une brute et qui se battait dans l'arène comme un gladiateur, on le voit ici) ; malgré une vision fantaisiste de Rome sous Marc Aurèle (qui ne sera pas plus juste dans le film de Ridley Scott), et de nombreuses libertés prises avec l'Histoire véritable (ce qui fut reproché par la critique), malgré des dialogues très hollywoodiens, et les stars dans leur numéro de stars, malgré une course de chars improbable en forêt, et malgré plusieurs poncifs tel l'aspect politique qui peut rebuter certains spectateurs, on reste ébahis par cette superproduction qui est l'un des derniers grands péplums avec Spartacus et Cléopâtre avant que les Italiens ne reprennent le flambeau à Cinecitta. On peut lui jeter la pierre, mais quelle grosse production n'avait pas de défauts à cette époque ? Le film constitue un vrai bonheur et un réel divertissement, c'est ce qui importe.