Deux Nouvelles d’Edgar Poe ont inspiré le film : Le Portrait Ovale et la Chute de la Maison Usher, dans l’ordre chronologique. Dans la première nouvelle une jeune fille se meurt à mesure que son portrait prend vie. La seconde nouvelle décrit la malédiction dont est victime à la fois une famille et sa maison.
Le metteur en scène Jean Epstein, ici associé à Luis Bunuel, faisait partie de la race des expérimentateurs toujours à la recherche de formes nouvelles. Le scénario des Nouvelles de Poe était en lui-même difficile à adapter puisqu’il s’agit de nouvelles très courtes servant essentiellement de prétexte à des créations d’atmosphères.
L’atmosphère gothique plus inquiète qu’inquiétante est bien rendue par le choix des extérieurs brumeux de la Bretagne et de la Sologne. Pour justifier l’appartenance d’Epstein à l’école impressionniste française le montage privilégie les effets de style (ralentis, surimpressions) alors que la réalité des personnages s’efface devant celle des éléments (le tableau, la maison, le vent). Vêtue d’un voile blanc vaporeux qui donne à sa silhouette l’aspect d’un spectre, la « revenante » fait une apparition inoubliable dans les derniers tableaux, sur fond d’incendie et d’écroulement de la maison.
La lenteur du film nécessite cependant un certain effort de concentration.
Dernière remarque : Regardez ce film en cinémathèque ou en DVD plutôt que sur YouTube ou alors coupez le son. L’accompagnement par un thème lancinant de musique joué indéfiniment à la harpe est tout simplement exaspérant.