Il est assez amusant de lire les réactions critiques vis à vis de ce film car elles sont totalement à l'opposé des avis sur le premier film, tant idéologiques qu'en termes de divertissement. Pour ma part, j'avais eu une diarrhée sévère devant le premier film, très moche question effets spéciaux et d'un sérieux total qui finissait par devenir carrément plombant question rythme et nauséabond dans sa légitimation totale de la violence vis à vis des terroristes. Le matériau était déjà pourri, mais voilà que la suite débarque. Il me restait encore 90 minutes à attendre pour Batman v Superman, alors, quitte à se marrer un bon coup.
Pour rire, j'ai bien ri. Ce film n'a aucun respect pour la vie humaine. Aucun. Le héros broie un terroriste contre un mur en lui disant "fuck you", en torture un autre à coups de poignard en laissant son frère assister à la scène puis en désamorçant par un "C'était utile ?" "Non." Bref, c'est du Tarantino dans ce qu'il a de plus pur et de premier degré, sans même la beauté de la mise en scène. C'est cette violence au premier degré qui choque nombre de critiques qui s'insurgent alors du patriotisme ronflant de la bouse et de ce syndrome du tout est permis car on est dans le bon camp. C'est toutefois une perception amorale très crue (et totalement volontaire, de la même trempe qu'un escroc qui tire une fierté d'avoir abattu la sale besogne) des actions militaires de démocraties en se prétendant garantes d'un ordre dont les objectifs libertaires sont fumeux. Ainsi, le film légitime à 100% l'utilisation de drones pour l'élimination des terroristes et les pertes civiles collatérales ("on n'était pas au courant que sa famille était sur place." nous confie le président, ben si tu l'es et tu n'as rien fait pour réparer) mais condamne les terroristes qui attaquent les civiles européens. D'ailleurs, qui sont ces terroristes ? Tous sont des personnes dissimulées dans la foules, aussi bien blanches qu'étrangères (et de différentes nationalités), bref, ce n'est pas un terrorisme normal mais une foule de mercenaires innombrables et surarmés. On dépasse carrément le stade idéologique en s'intéressant aux terroristes, qui sont de simples cibles humaines sur lesquelles tirer est légalement un devoir civique. On peut alors faire les hypothèses les plus saugrenues, je mise carrément sur une part de la population qui se rebelle. D'ailleurs le suspense emprunte beaucoup à la saga the purge pour le suspense (des rues où tout le monde peut être hostile). On finit alors par avoir l'impression que c'est une partie de la population, excédée par les gouvernement exclusivement occidentaux, a décidé de les passer par les armes et attaque de tous les côtés à la fois. Ca, cela aurait été un film qui aurait été bandant et polémique. Mais on ne visait pas si haut, il fallait soutenir nos héros dans le camps des républicains. Bref, question suspense et cohérence, c'est le bordel, et en termes idéologiques...
Le film a toujours voulu, comme son prédécesseur, mélanger le cinéma d'action à l'ancienne des années 80 avec des éléments plus modernes comme le gore ou les effets spéciaux, avec un suspense lorgnant parfois vers l'horreur pour l'efficacité. Il ressort la même formule ici, avec une certaine amoralité sensé assurer l'efficacité. Les effets spéciaux restent toutefois très numériques et laids, le rythme fait quelques efforts même si l'on est toujours extrêmement lourd au niveau des rebondissements (ces petits détails qui trahissent les méchants), et la photographie change un peu selon les lieux, globalement pauvre sans faire preuve de style ou d'ambition. On est en face d'un quasi DTV qui mise sur ses stars pour faire passer le morceau, mais question divertissement, ça sent le réchauffé. Sur le plan idéologique, vision synthétique globale cohérente des tensions entre occident et moyen orient et conclusion validant la politique de l'impérialisme par la force (le tir de drone devient une punition divine), bref, le film est tellement énorme dans sa justification de la politique américaine que ça en devient magnifique, on réagit forcément devant un objet pareil, car c'est trop gros, c'est trop clair. Il aurait fallu décapiter le terroriste en live devant le monde qui applaudit pour rendre les choses encore plus frappantes. Et c'est là que le film mérite un point, il se révèle marquant et formateur, là où son aîné ne s'extrayait pas de la masse, tel un remake de l'aube rouge passé aujourd'hui dans les bacs à solde.