Parce que c'est tiré d'une histoire vraie, Ridley Scott fait des pieds et des mains pour insuffler ce réalisme constant à ce carnage improvisé au cœur d'une ville somalienne. Pari réussi, on est totalement immergé dans cette boucherie explosive où fusent balles et roquettes au milieu d'un enchainement de cadavres tout aussi américain que somalien...
On y voit donc l'arrivée d'un nouveau soldat enthousiaste (Orlando Bloom), du quotidien des autres, craintifs et désabusés, ainsi que la mise en place de l'opération, minutieuse et détaillée. Ceci dit, Scott ne prend aucun parti-pris et montre au contraire l'arrogance des soldats américains et leur cuisante défaite. On y voit très furtivement l'organisation du camp ennemi mais le réalisateur ne dévoile à aucun moment la faiblesse des Rangers, et c'est ce qui fait la force du métrage : on est de leur côté, on y croit, ça ne durera qu'une heure... Mais lorsque toute l'opération part en vrille, on est autant sous le choc qu'eux, on reste impuissants à leurs côtés, témoins d'un véritable massacre.
Poignant, violent, détonant, La Chute du Faucon Noir (traduction débile de l'hélicoptère Black Hawk, preuve que la distribution française n'y voyait qu'un banal film d'action décérébré) est une immersion dans un enfer réel porté par une interprétation excellente, aussi originale que déjà-vu dans le genre (Tom Sizemore, Sam Shepard, Glenn Morshower, des habitués de l'uniforme de soldat). Dans tous les cas, le treizième long-métrage de Ridley Scott reste un très bon film qui tient en haleine deux heures durant et continue de nous questionner quant à la bêtise américaine lors de cette mission véridique.