La Cible humaine est un excellent western, exploitant plutôt bien la figure récurrente de l'as de la gâchette. Ici tout tourne autour de ça, Gregory Peck est Ringo, le meilleur pistolero et comme dans toutes les bonnes histoires ce don vient avec une contrepartie lourde à assumer : tout le monde veut se frotter à lui pour être celui qui a vaincu le célèbre Jimmy Ringo et endosser à son tour le titre de meilleur tireur de l'Ouest.
Partout où il va sa malédiction le suit, tout le monde le connait, tout le monde veut tenter sa chance et il n'arrive juste pas à raccrocher. On ne va pas se mentir le pitch est quand même assez similaire à l'Impasse de De Palma.
Et en vrai, c'est vraiment rafraichissant de voir un western plutôt désabusé, où finalement il y a peu d'espoir pour le héros parce qu'il n'a pas de réelle solution pour enfin mener une vie paisible. Surtout que l'on sait assez vite qu'un autre membre de son ancienne bande s'est fait descendre quelques temps auparavant parce qu'il était aussi réputé pour être un gros dur. Il y a une véritable épée de Damoclès sur le personnage, parce que ce n'est qu'une question de temps avant que quelqu'un ne le prenne par surprise ou bien réussisse finalement à tirer plus vite que lui. Et finalement, même dans les films de supers héros c'est une question qui est trop peu abordée, le contre coup du super pouvoir (bon c'est un peu le cas dans X-Men, mais c'est un peu tout).
Le film n'en fait jamais trop, le traitement est plus réaliste que d'autres westerns, le héros attend beaucoup, parce qu'il est lui-même impuissant pour régler ses problèmes.
On se retrouve donc avec un film qui fait un peu l'effet d'un corbillard ou d'une marche funèbre, mais avec une tension qui monte au fur et à mesure que le danger se rapproche. Il y a trop d'ennemis, de gens qui veulent sa peau pour que ça puisse bien se terminer. Sa renommée semble amorcée inéluctablement sa perte.
En somme c'est une approche du genre des plus appréciable, notamment dans ce que ça apporte dans la déconstruction du mythe. Quelque part ça m'a rappelé un peu Le train sifflera trois fois dans le genre. Le cowboy n'est pas sans peur.