La conquête de l'Ouest n'aura jamais terminé de me réserver de bonnes surprises, et La Cible Humaine en fait assurément parti, sachant allier classicisme et un brin de modernité avec un aspect psychologique particulièrement intéressant.
Il est ici question d'un fameux tireur tentant de fuir sa réputation, mais évidemment ce ne sera pas aussi simple, et l'oeuvre mêle habilement vengeance, remise en cause et recherche d'un passé et d'une vie qui nous a échappé. Henry King n'hésite pas à égratigner les légendes de l'Ouest en mettant en avant un remarquable tireur voulant se retirer et mener une vie tranquille, regrettant même ses actes.
Le début est assez rapide, comme le film en général d'ailleurs, et Henry King rentre directement dans le vif du sujet, dès la première séquence dans le bar, déjà remarquable et tout en maîtrise. Il mène avec brio le scénario, sachant en faire ressortir tout l'intérêt et l'intelligence, voire même un peu d'émotion tant on arrive à s'attacher à ce personnage principal, ainsi que quelques secondaires. Il y a une vraie sensibilité dans la description de Jimmy Ringo, aussi dû à la mise en image où chaque geste ou regard compte.
Mettant en avant la façon dont une réputation peut être lourde à porter, et trompeuse, Henry King ne commet aucune faute ou excès, tout semble juste, parfois simple ce qui en fait aussi sa beauté et on se retrouve immergé dans ce western, ainsi que dans sa communauté qui ne manque pas de charme, d'humour et même de vérité. Gregory Peck prouve, à nouveau, quel immense acteur il était en livrant une forte, sensible et juste composition, tandis qu'il est aussi bien entouré.
Une oeuvre surprenante, notamment par son intelligence et sa justesse, où Henry King égratigne l'Ouest pour mieux en faire ressortir une émotion et sincérité, le tout emmené par un immense Gregory Peck, parfaitement taillé pour ce rôle.