Ouais, y a pas à chier, ça en jette. Ces plans-séquences de Nico et de Clémenti nu dans des déserts de sable et de glace, oui, oui, c'est absolument magnifique. Et j'apprécie le film dans cette expérience hypnotique qu'il offre, entre surréalisme fantastique et métaphysique. Un film sous acide, certes, mais un film diablement beau, dont l'intellectualisation me paraît bien vaine à partir du moment où l'on se laisse porter par la temporalité de l'oeuvre de Garrel. A priori, La cicatrice intérieure, c'est le cinéma dont je raffolle, l'authentique expérience sensorielle hiératique et symbolique. Mais la structure du film me pose problème. C'est dans chaque image, chaque plan qu'il faut aller chercher la beauté mais, comme dans le Révélateur (du même Garrel), l'ensemble manque de liant. C'est toute la différence d'un Tarkovski ou d'un Sokourov qui arrivent, dans leurs poèmes métaphysiques sublimes, à me transporter dans un ailleurs cohérent où le découpage n'est jamais hasardeux et contribue toujours à la formation d'un tout somptueux.
La cicatrice intérieure, c'est la volonté de Philippe Garrel de concevoir le Cinéma comme une peinture animée, une suite de tableaux mouvants. Et chaque tableau, individuellement examiné, ne peut qu'émerveiller. Mais il manque une cohérence poétique pour me convaincre à 100 % et faire du film un ensemble unique.