Des pas dans la neige et le sang.
Film de campagne, d'hiver à rallonge, de blanc, de gris, de terre, de vaches, de froid. L'ambiance est très vite inquiétante. Fermé dans leur petite bourgade, se connaissant tous les uns les autres, ayant cru à une solidarité, à une osmose... dès que l'équilibre est perturbé, la méfiance, la douleur, la colère, crissent sous les chaussures, craquent aux jointures des poings serrés.
Des corps tendus, emmitouflés, étouffés, apeurés.
Des corps qui ne se réchauffent pas les uns les autres mais qui s'évitent, se cognent, se battent, se blessent. Du sang. De la violence. (Evidemment, un bouc émissaire).
Le scénario a d'original son traitement, avec ses images de branches nues qui bougent dans le vent, comme des doigts menaçants. Ses images de mains qui cherchent, dans la terre ou sur les écorces, un souffle de vie. L'image du coq qui ne chante pas. Du feu salvateur qui ne s'allume pas.
La tension est de plus en plus forte, et toujours tenue avec l'intelligence d'un décortiquement de l'humain, du collectif, en situation de crise. Et c'est pas beau à voir.
Film apocalyptique. Qui effraie, montrant surtout que c'est l'Homme qui fait sa perte.
Un film qui plaira à ceux qui aiment avoir les yeux qui saignent devant la beauté des images, les oreilles qui brûlent dans les silences glacés, les doigts accrochés aux accoudoirs histoire de ne pas hurler : Non mais NON ne FAITES PAS ÇA !
Il est beau. Il est Terrible.
(Faudrait que je vois les autres !)