Ce sera tout juste la moyenne pour cet étonnant petit film qui ne manque pas d'idée mais peine à leur donner corps.
Le postulat de départ est pourtant bien trouvé : dans un petit village des Ardennes, le printemps n'arrive pas et toutes les saisons se ressemblent : grises, mornes et destructrices pour la vie et les habitants.La folie s'installe et la tension monte progressivement jusqu'à un épilogue dramatique.
Les trouvailles visuelles abondent et on ne peut que penser aux toiles de Bruegel, de Bosch, de Courbet, de Manet bref l'univers esthétique est bien présent. Cadrage et photographie vont de paire, donnant naissance à une ambiance contemplative emplie de fulgurances de beauté et d'étrangeté.
Malheureusement, faute d'un bon scénario, d'épaisseur des personnages, de justesse dans l'interprétation, de montage cohérent, la petite entreprise finit par s'embourber dans les grumeaux de l'ennui. La contemplation vire à l'hermétisme et les "oublis" dans les transitions ménagent moins le mystère que l'incompréhension. Dès lors, on tombe dans le film-objet : un ensemble de tableaux picturalement réussis mais manquant profondément de fond, et pire d'âme.
Copie à revoir donc car si les réalisateurs avaient fait le choix de la fable pure et simple et de la fantaisie visuelle, une partie de la lourdeur qui s'intalle ne serait sans doute pas venue.