Quand l'enfance et l'hyperviolence se cotoient

La Cité de Dieu, film brésilien, sorti en 2002, est adapté du roman du même nom, lui-même inspiré de faits et de personnages réels. Le film raconte les guerres de gangs dans un quartier violent de Rio de Janeiro, de la fin des années 60 et au milieu des années 70, et l’évolution d’un groupe d’enfants vivant au milieu de la violence, des armes et de la drogue.

Je n’étais pas très emballé à l’idée de me lancer dans ce film. L’image de la jaquette, avec cet enfant qui nous menace avec une arme à feu, laissait présager qu’il était d’une extrême violence. Je ne connaissais rien du contexte de l’œuvre, je n’en avais jamais entendu parler, mais je n’ai pu échapper à cette image. Effectivement, le film est d’une violence inouïe. Jamais encore je n’avais vu un tel drame. C’est extrêmement dérangeant, surtout lorsque cela implique les enfants. Et tout cela prend une dimension vertigineuse lorsqu’on apprend à la fin du film qu’il s’agit d’une histoire vraie.

Pour autant, la violence de ce film est justifiée par son contexte. Elle dénonce l’entonnoir de cette jeunesse brésilienne prise en otage par son environnement malsain, et bien évidemment, la corruption et les dérives de la police du pays qui n’arrange en rien l’escalade des conflits. La violence fait partie intégrante de la vie de ces jeunes, et dans ce cas précis, la violence sert l’intrigue et la tension dramatique. Ce n’est jamais fait de manière gratuite, tout fait sens dans ce spectacle horrible dont on ne sort pas indemne.

J’ai trouvé que ce film était superbe. Le seul défaut qui m’a beaucoup dérangé, c’est la doublure française qui était un peu étrange. Elle aurait pu être mieux. En même temps c’est ma faute, j’aurais dû visionner le film en V.O.

Tout le reste m’a convaincu. Le casting est étonnant. Les personnages nous font passer par un panel d’émotion absurde. Zé Pequeno est le personnage le plus cruel que j’ai vu au cinéma. Complètement psychopathe, le gars est incapable d’aimer. Je préfère imaginer que le véritable criminel qui a inspiré ce personnage n’était pas aussi dingue, sinon ce devait être le diable en personne. L’acteur, en tout cas, est vraiment étonnant. J’ai bien aimé l'acteur qui joue le rôle de Bené, ainsi que celui qui joue Buscapé… bref. J’ai bien aimé le casting tout entier, qui est très nouveau pour moi parce que je ne connais pas du tout le cinéma brésilien.

Je vais conclure en disant que le film est particulièrement prenant, presque hypnotique. On ne cesse d’espérer la fin du règne de terreur de Zé Pequeno, tout en se demandant comment les uns et les autres vont s’en sortir. L’œuvre est un peu déprimante en raison d’un désespoir ambiant, mais Buscapé ramène un peu de raison et d’espérance, ce qui nous permet de ne pas trop être démoralisés par le triste sort de la jeunesse des gangs.