Coproduction entre la France, l'Allemagne et l'Espagne, La cité des enfants perdus est le second long-métrage du duo Marc Caro / Jean-Pierre Jeunet, mais aussi le dernier à ce jour, Jeunet répondant par la suite aux sirènes hollywoodiennes pour les besoins de Alien Resurrection.
Réunissant une somme de talents assez incroyable (Angelo Badalamenti à la musique, Darius Khondji à la photographie, Jean-Paul Gaultier aux costumes...), La cité des enfants perdus reste pour moi la plus belle collaboration du tandem, offrant aux yeux du pré-ado que j'étais à l'époque de sa sortie une oeuvre qui continue de me fasciner aujourd'hui.
Véritable conte cruel naviguant sans cesse entre merveilleux, onirisme et une atmosphère glauque et trouble, La cité des enfants perdus emprunte aussi bien au cinéma, à la littérature ou à la bande dessinée, pour livrer un récit original aux multiples ruptures de ton, le film étant aussi bien capable d'émouvoir, de faire rire ou de frissonner.
Compensant largement les maladresses d'un script peut-être trop généreux et s'éparpillant parfois par un florilège d'images marquantes et par un univers tout bonnement fascinant, il bénéficie également de magnifiques décors et d'un incroyable casting de pures gueules, dont on retiendra surtout l'accent touchant de Ron Perlman, la diction et le physique si particulier de Daniel Emilfork, la voix entêtante de Jean-Louis Trintignant, ainsi que la gouaille et l'énergie d'un Dominique Pinon dédoublé par la magie d'effets spéciaux révolutionnaires pour l'époque.
Mêlant sans cesse le rêve au cauchemar, la naïveté à la cruauté, La cité des enfants perdus est fait dans la même étoffe que les songes que nous faisions gamins, nous transporte dans un monde aussi enchanteur qu'effrayant, où l'on ne sait plus trop si l'on préfère se réveiller ou rester encore un moment au coeur de cette illusion douce-amère.