Après une première oeuvre réussie bien que trop longue et inégale sur la fin, Jeunet et Caro avaient eu au moins le mérite de faire quelque chose de totalement différent d'un cinéma français qui s'enfonçait alors dans des comédies et des films policiers se ressemblant alors de plus en plus.
Avec leur seconde oeuvre, ils continuent sur leur lancée de Delicatessen, et réalisent un film qui possède une nouvelle fois un univers original.
De nouveau, leur travail s'est énormément porté sur la photographie et sur les effets spéciaux qui composent cette Cité des enfants perdus. Si d'un point de vue graphique, l'oeuvre demeure très jolie, on constatera tout de même que les FX ont quelque peu vieillis. Pas de quoi non plus remettre en cause tout le film mais si on prend l'exemple de la puce, c'est devenu trop flagrant et on voit bien trop les effets de l'ordinateur. Bien qu'ici, ce n'est pas vraiment la faute au film mais bel et bien à la technologie qui fait des progrès énormes à ce niveau. Sinon, la qualité de la réalisation est en tout point très bonne. Peut-être un peu plus classique que ce qu'elle n'a été pour Delicatessen mais une fois encore, le duo fonctionne très bien.
D'un point de vue scénaristique, le film est nettement plus abouti que pour le premier opus des deux compères. Cette fois-ci, l'oeuvre tient le coup sur toute la distance. Pas question de parler de film trop long ou d'une baisse de régime sur la fin. De plus, on assiste à une histoire assez différente. Bon on est toujours dans une sorte d'univers un peu apocalyptique où les enfants vivent quasiment tous abandonnés et qu'un vieux méchant les capture pour pouvoir rêver. Finalement, on assiste à une véritable petite fable entre un adulte et une enfant qui se lient d'amitié pour pouvoir empêcher le terrible bonhomme de continuer à voler les rêves des bambins. On y retrouver donc une métaphore encore terrible sur un monde adulte cruel, assoiffé de pouvoir et de richesse et qui en a oublié ses rêves d'enfance. Des rêves qui lui permettaient de sourire au monde tout en leur permettant de s'évader...
Enfin, point de vue du casting, on retrouve toujours des acteurs atypiques. Ron Perlman, utilisé avant par Jean-Jacques Annaud tient l'un des rôles principaux. Daniel Elmifork, oublié par les dernières générations de cinéaste aussi. Par leur charisme et leur physique hors du commun, les deux hommes s'en sortent haut la main. On notera encore la présence de Pinon (décidément partout avec Jeunet), de Dreyfus, de Rufus, d'Holgado,... Tous ces acteurs deviendront des habitués de Jeunet essentiellement. Enfin, la jeune actrice Judith Vittet est également touchante. Elle a d'ailleurs arrêté les tournages pour poursuivre des études de cinéma. On terminera enfin en signalant que la musique est signée Angelo Badalamenti, musicien attitré de David Lynch...
On n'assiste certainement pas à un chef d'oeuvre, mais Jeunet et Caro ont réussi à créer une oeuvre jolie et originale, qui ne plaira peut-être pas à tout le monde mais qui a au moins le mérite d'exister dans un cinéma français de plus en plus pauvre...
batman1985
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le 6 mai 2011

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batman1985

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