Des choses gentilles à dire sur ce film :

Animation image par image aussi classe que nerveuse, explosion de couleurs, de matières, de techniques, esthétique brute très dans son époque et peuplée d’éléments qui, incapables de rester en place, semblent doués de vie propre... le générique de Freaked annonce la couleur : Alex Winter et Tom Stern ont une féroce envie de faire et au passage de secouer tout ce qu’il est possible d’atteindre. Freaked est avant tout un film de sale gosse dans lequel toute l’équipe laisse libre cours à ses délires avec plus ou moins de bonheur certes, mais avec une fougue qu’on ne voit que trop rarement.

En résumé, Freaked décrit les mésaventures de Ricky Coogin, un acteur en pleine gloire (Alex Winter), égérie d’une marque de cosmétiques plus que douteuse et accessoirement type imbuvable, devenu, en compagnie de son meilleur pote (Michael Stoyanov) et d’une militante écolo (Megan Ward), le sujet d’expériences contre nature menées par Elijah C. Skuggs, un savant fou/patron de freak show (Randy Quaid) qui cherche à étoffer sa réserve d’attractions... un récit lui-même inscrit dans un talk-show dans lequel Ricky a été invité à témoigner.

Dans Freaked, L’île du docteur Moreau flirte gentiment avec la culture MTV, la body horror roule une galoche baveuse à la Grande évasion, le tout baigné d’une satire pop de la société de consommation, du star system et du capitalisme dégueulasse. Tout y passe. Ce foisonnement même est d’ailleurs l’un des atouts du film. Les gags qui tombent à plat sont chassés par ceux qui fonctionnent, la structure inégale du film et les éléments brouillons qui peuvent émerger sont gommés par des idées lumineuses, les lourdeurs et les facilités occasionnelles largement compensées par un entrain jusqu’au-boutiste qui voit un petit fan de moins de 12 ans s’en prendre plein la tronche pour pas un rond, un papy en fauteuil roulant aspiré par la porte d’un avion, une souris souris d’ordinateur, un conseil d’administration fait de marionnettes de vieux et Mr T en petite robe d’été rétro mais craquante... et surtout, surtout, un défilé de créatures assez ouf.

Signés Screaming Mad George, les maquillages constituent assurément le point le plus marquant du film (l’essentiel du budget est du reste passé dans les effets spéciaux). L’aspect des créatures sent délicieusement le latex et leur design même est d’une richesse folle. Les idées débiles du savant fou poussées à l’extrême sur le papier trouvent l’aboutissement parfait à l’écran grâce à la poésie du crade et du déroutant du maquilleur et c’est ainsi que déboulent des siamois homme/femme, un homme avec une chaussette à la place de la tête, une vache anthropomorphe habillée en cowboy (eh ouais cowboy, jeu de mots), un homme ver hyper expressif, une grosse chaussure à la gueule béante ou encore deux gros globes oculaires rastas assez chou. Armés de pistolets mitrailleurs, ces derniers sont au service de Elijah C. Skuggs et habituellement postés à l’intérieur de la statue à son effigie qui trône au centre du parc... Quelle bonne idée.

Archétype du film à savourer entre potes, Freaked a naturellement commencé sa vie sur un échec en salles, projections test comprises, avant d’acquérir grâce aux vidéoclubs une petite aura culte qui s’est consolidée au fil du temps. Et ce statut, le film de Stern et Winter le mérite amplement.


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Bonus

Enfant qui joue mal

Personnage > Agissement

Émotion > Pique une crise de nerf – Stylé > Demande un truc en claquant des doigts – Stylé > S’exclament la même chose et en même temps

Personnage > Méchant·e

Le/la méchant·e abattu·e un peu plus tôt se relève pour un dernier frisson – Mégalo > Mwahahahaha ! (rire théâtral)

Personnage secondaire

Foule en délire > Bagarre plus ou moins spontanée de collégien·nes, lycéen·nes, taulard·es

Réalisation

Fin > Le film se termine sur un baiser – Fin > Tout est bien qui finit bien – Habillage > Incrustation de texte sur l’écran : lieu, date, heure, etc. – Mort > Gros plan sur la main ouverte d’un personnage qui disparaît progressivement dans un liquide – Tension > Gros plan sur une poignée de porte qui tourne – Tension > Objet qui tombe au ralenti et dont la chute risque de donner l’alerte, fournir un indice, faire céder le sol, etc. – Transition > Décollage/atterrissage d’un avion filmé de face/de dos – Vision subjective > Personnage qui reprend connaissance

Réalisation > Accessoire et compagnie

Pouet-pouet > Mannequin en chute libre

Réalisation > Audio

Bruit générique > Son de dessin animé : ressort, clochette, etc. – Musique > « Exotique » qui accompagne un contexte vu comme « exotique »

Scénario > Blague, gag et quiproquo

Comique de répétition – Cri (gag) – En fait des caisses (personnage) – Est éclaboussé·e par un fluide – Gag cartoonesque – Passe à travers une vitre : éjecté façon saloon (gag) – Pipi, caca, prout – Quiproquo de situation – Ronflements – Vomi (gag)

Scénario > Dialogue

À voix haute > Se parle – Foule en colère

Scénario > Élément

Référence (grossière) à la culture populaire

Scénario > Ficelle scénaristique

Amour au premier regard

Thème > N’importe quoi

Accessoire > Gaspillage alimentaire

---

Barème de notation :

  • 1. À gerber
  • 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
  • 3. On s'est fait grave chier
  • 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
  • 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
  • 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
  • 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
  • 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
  • 9. Gros gros plaisir de ciné
  • 10. Je ne m'en lasserais jamais

Créée

le 2 oct. 2024

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