Avec John Wayne, c'est toujours l'heure de l'apéro ! Le Duke confirme cette thèse élaborée dans la plupart de ses films, dont Hatari ! que j'ai vu récemment, en dégainant opportunément sa bouteille de whisky tout au long de cette flamboyante aventure dans le désert. Et ce malgré l'abstinence que veut lui imposer Rossano Brazzi, qui passe son temps à dégommer les boutanches... Mais Johnny, dans son rôle habituel de vieux poivrot lubrique, semble en avoir toujours une de rab' cachée dans sa manche ! Il faut dire que marcher dans le désert, ça donne soif !
Ce film de 1957 marque la rencontre de deux étoiles du cinéma international : Wayne donc, la cinquantaine bedonnante et joviale d'un côté ; de l'autre Sophia Loren, la vingtaine radieuse, dont c'est l'un des premiers rôles hollywoodiens. Avec Brazzi, qui joue un Français en apparence tout ce qu'il y a de plus gentleman, cet improbable trio quitte Tombouctou à dos d'âne à la recherche de la légendaire cité d'Ophir, où se trouverait un fabuleux trésor d'or et d'argent, de rubis et d'émeraudes gros comme la paume de la main...
Henry Hathaway signe un chouette film qui n'est certes pas sans rappeler Le Jardin du diable puisque l'on retrouve le même genre de quête menée par trois individus que tout oppose (et le triangle amoureux qui va avec) dans un environnement sauvage et hostile. La photographie est magnifique, les paysages de sable et de roche aussi, et les ruines de la ville romaine de Leptis Magna en Lybie sont d'une beauté à couper le souffle. Évidemment il y a quelques longueurs, d'ailleurs quel film se déroulant dans le désert n'en a pas ? On se fait donc servir, entre deux gorgées de gnôle, tous les poncifs du sous-genre, de la tempête de sable aux caravanes de touaregs en passant par les bestioles dangereuses et les mirages. Heureusement John Wayne est là pour écarter les dangers et garder sa petite troupe sur le droit chemin. Le trésor est bien réel et, comme il se doit, exacerbe les tensions entre les personnages, tout cela ne peut finir que tragiquement d'autant plus que Wayne est obligé de vider sa dernière flasque pour la remplir avec de l'eau !
Je ressors de ce film la gorge toute asséchée, est-ce à cause de cette pénurie de liqueur sur la fin ou de la chaleur qui se dégage de la petite robe déchirée de la Loren, je ne saurais dire...