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Nous voilà dans la rue. Deuxième collaboration avec Hellinger, Naked City ou La Cité sans Voiles (1948) qui marque le début d'une forme de sophistication cinématographique. Peu importe l'histoire, la seule motivation est de tourner dans la ville, dans New York.
Nous ne sommes évidemment pas dans ce genre de cas de figure en France et nous parlons d’un temps que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître. Nous pouvons tourner dans les rues mais ce que je trouve regrettable c’est que l’on ne se serve des villes que comme un vulgaire décor falsifiable à loisir dans de petites boîtes en bois. La ville comme Julius et moi la concevons est un personnage à part entière, il doit être l’élément le plus vivant et le plus authentique. Aucun décor ne peut remplacer la ville, avant de partir tourner dans les villes du monde entier, je veux exploiter autant que faire se peut les rues de ma belle cité gallo-moyenno-gastronomo-fantastico lyonnaise. Je suis un lyonnais professionnel et fou amoureux de ma ville comme l’était Dassin de New York.
"Être libre, c'est sortir des studios". Hellinger est "un new yorkais professionnel" dit Dassin et ce serait un film sur leur New York. Il veut filmer la ville et son fonctionnement. Il est persuadé qu'on ne peut pas filmer une ville sans montrer ses contrastes dont celui entre les riches et les pauvres. Les studios voient ça d'un mauvais œil surtout de la part d'un réalisateur inscrit sur la liste noire mais nous reviendrons sur ce problème un peu plus loin. Les studios prennent au départ Naked City pour un "travelogue" (film de promenade) et veulent le vendre en stock-shot à des agences de voyage. Inutile de vous dire que Julius n'est absolument pas d'accord avec le principe.
Pour ce film Dassin fait de nouveau appel à son chef opérateur préféré, Willy Daniels. Il aime profondément Daniels essentiellement pour deux choses : premièrement parce qu'il est Willy Daniels et deuxièmement, il a photographié avec Garbo dans plusieurs films. Et Dassin est resté fou amoureux de Garbo jusqu'à sa mort et lui voue une véritable passion. Daniels est un prodige mais aussi un boit-sans-soif. A tel point que sur les tournages de Brute Force et de Naked City, Hellinger engage un détective privé pour le suivre et le prévenir au cas où il prendrait le moindre verre d'alcool.
Sur ce tournage, il retrouve ses vieux amis du théâtre Yiddish, parmi eux Barry Fitzgerald et Ted de Corsia. Fitzgerald a fait ses classes dans le cinéma au même endroit que Dassin, aux côtés d'Hitchcock mais 10 ans avant lui dans Juno and the Paycock. Fitzgerald est surpris de la façon dont se passe le tournage, faire un film dans les rues est assez nouveau et cela attire évidemment beaucoup de curieux. Ils courent toute la journée d'un point à un autre en tentant d'éviter les attroupements autour des caméras et des acteurs. Il demande à Dassin si il tourne un documentaire sur quoi le metteur en scène répond : "faisons comme si".
Hellinger et Dassin ne travailleront plus jamais ensemble. A la fin du dernier montage Hellinger assure à Dassin que le film restera tel quel, ce qui ne fût évidemment pas le cas. Il aime beaucoup Hellinger mais le trouve trop faible. Deuxième raison, Hellinger meurt le 21 décembre 1947. Dassin affirme qu' Hellinger s'est suicidé en buvant une quantité inconsidérée de cognac après avoir lu dans un journal britannique, un article qui le relayait à la seconde place, après Churchill, des meilleurs buveurs de cognac dans le monde. Il aurait voulu prouver le contraire en ce soir du deuxième anniversaire de la mort du Général Patton et s'est noyé dans son cognac.
Brette
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le 9 févr. 2014

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