Ne manquez surtout pas ce film de la cinéaste Teodora Mihai. Il est remarquable en tout point et de bout en bout. Guettez ce film car il ne sortira que dans des salles d’art et d’essai. C’est pourtant ce que l’on peut voir de mieux sur les écrans ces jours-ci.
Le film commence comme un leurre. Au Mexique, une mère et une fille discutent, comme dans n’importe quelle famille. La mère fait des réflexions à sa fille, elle l’envoie balader. Puis la fille s’en va. Quand la mère sort de chez elle, tout change radicalement. Il y a des chars militaires dans la rue. Autre ambiance ! La mère se fait accoster par deux voyous. Ils ont enlevé et détiennent sa fille. Ils sont jeunes, boivent encore du coca et sont liés à un cartel. Elle devra payer 150 000 pesos, si elle veut revoir sa fille. Elle va voir son ex-mari. Ils ne peuvent que partiellement payer la somme. Ce sera leur erreur. Ils paient mais ne reverront pas leur fille. La mère commence son enquête. Elle ne pourra compter ni sur la police, ni sur l’armée (en tout cas au début) et à peine sur son ex-mari. Son enquête la mènera à une entreprise de pompes funèbres. Les mafieux vont l’intimider. Elle ne baissera pas les bras et plongera dans une spirale de violence. Jusqu’où ira-t-elle?
Ce film est une terrible peinture du Mexique. Les cartels y règnent en maître et l’armée a des méthodes de mafieux. Les enlèvements sont monnaie courante et il n’est pas rare de retrouver des personnes décapitées. Tout le monde est corrompu et a plus ou moins un lien avec la mafia. Même une mère-courage peut basculer dans la violence. On comprend vite que ce qui mine le Mexique est l’instabilité économique, politique, institutionnelle et même humaine. Les ravisseurs sont des gamins qui surjouent les caïds et les tortionnaires sont de jeunes filles habillées comme dans une émission de télé-réalité. On voit à travers ce film toute la misère qui règne au Mexique.
Ce film est une réussite de A à Z. L’actrice Arcelia Ramírez, qui joue la mère, livre une performance exceptionnelle. Elle passe par toute les émotions. Elle est tantôt accablée, tantôt résiliente, tantôt douce, tantôt colérique. Elle paraît parfois toute faible et d’autre fois violente. La photographie est très belle et laisse curieusement transparaître la lumière mexicaine qui contraste avec la dureté de ce que l’on voit à l’image. Le montage est excellent et confère au film un suspens et un rythme qui fait qu’il n’y a pas un seul temps mort tout le long des 2h25 que durent le film. A ne louper sous aucun prétexte ! Un film comme on en voit rarement.