Il y a la critique que j’aurais dû écrire et celle que je vais effectivement écrire.
La critique que j’aurais dû écrire aurait été surmontée de la note 10. Elle aurait convoqué Tarkovski, Gilliam et Fellini, peut-être Lynch pour personnaliser. J’y aurais placé les expressions « œuvre difficile d’accès », « univers frappé d’une déréliction progressive » et « beauté époustouflante des images gothiques ». J’y aurais obligatoirement casé les adjectifs « onirique » et « hermétique », plusieurs fois si possible, surtout « hermétique ». Ceux Qui Savent l’auraient alors appréciée, et j’aurais senti mon QI monter d’au moins 5 points. Mais voilà, je ne l’ai pas écrite.
La critique que je vais écrire est la suivante :
Mouais. Je ne sais pas trop quoi penser de cet objet filmique. Ce qui est sûr, c’est que mes sentiments sont mitigés, et qu’entre « La Clepsydre » et moi, ce n’est pas l’amour fou que j’espérais après avoir lu les critiques qui ont rédigé le genre de critique que j’aurais dû écrire.
Les ingrédients y sont. Je ne le conteste pas. Ce que je constate, c’est qu’au final je n’ai pas trouvé si bon que ça ce plat plus cérébral que poétique et plus hermétique, en effet, que troublant. Les dialogues grandiloquents et abscons, en particulier, m’ont horripilé, cassant tout espoir pour moi de me plonger vraiment dans l’ambiance. J’ai été intrigué. Intéressé. Admiratif même. Mais, en fin de compte, ni surpris ni touché.
A vrai dire, ma première pensée après le mot « Koniec » fut un souvenir d’un sketch de Monty Python qui parodiait les films d’auteur de l’époque : assise sur un tas d’ordures, une fille tenait dans ses mains un chou qui faisait l’objet d’un dialogue mystérieux, mais si lourd de sens, avec un des membres de la troupe.
Certes, ma seconde pensée fut : « Il faudra que je revoie ce film ».
Le problème, c’est que je ne suis pas sûr d’en avoir envie.